[RP] Angevino-Bourguignons ? Présents !

Mauvais, tel était le regard qu'il avait posé sur la bavouilleuse. En plus d'être complètement dégénéré de la cervelle elle avait déjà du mauvais goût, pauvre gamine. Pour un peu il l'a plaindrait, oui il pourrait s'apitoyer, il en serait capable si elle avait pas de l'air aussi stupidement énervant. Et au gamin de continuer à rager intérieurement, non mais franchement "pas beau"...N'est-il pas de notoriété commune que l'intrépide Paon de Bourgogne est d'une beauté sans faille? Fichtrement mignon? Décidément la mini garce en culotte courte ne valait même pas un plouc de Bretagne...

C'est alors qu'il s'apprêtait à répondre que lui au moins n'avait pas été fini par de la pisse, qu'au moins il n'avait pas de la tronche de pot de chambre et moult autre réplique de son cru, qu'il croisa le regard de 'Nore. Et les réponses cinglantes se transformèrent en un profond soupir. Comble de la perfidie, alors qu'il venait de se faire fusillé du regard par une étincelle semblablement courroucée, voilà que la morveuse se faisait à nouveau remarquer en tendant bêtement ses bras potelés en direction de celle ci. C'en était trop!

Ô injustice divine qui voulait qu'on lui ôta son Alycianne, sa petite sœur adorée, au profit de cette immondice, condensé de bêtise et de mesquinerie angevine sur patte. Le visage se durcit alors tandis que le regard se pose une nouvelle fois sur la sublime mono, et que la parole est reprise d'un ton neutre.

« Moi je vais plutôt finir la route à cheval je pense... Je reste à côté ne t'en fais pas, aussi je suis là si besoin. Je vais aider l'araignée à surveiller de la route. Enfin faire des choses d'homme quoi! » Au gamin donc de se rapprocher de l'ouverture pour beugler. « Halte! L'intrépide Paon qui en marre de voyager comme de la bonne femme vient honorer l'extérieur de sa présence! »

Et le voyage se poursuit, alors que peu à peu -comme un autre petit con avant lui- l'adolescent se dévêt, exposant au soleil son torse juvénile. Parce que ça, voyager torse nu, c'est foutrement du privilège de mâle viril. Rien à voir avec une odieuse nourrice qui dévoile sa gougoutte au nez d'un jeune garçon de bonne famille pour l'exemple. Non lui s'était différent car même s'il n'avait pas la carrure ni la taille de Gaspard au moins il était fichtrement mignon et promotionnel à son age.

Mais peu à peu les considérations narcissiques du jeune homme s'envolent pour laisser place à la stupéfaction. Émerveillement d'un marmot qui n'a jamais connu d'autre paysage que ceux tapissant le centre de la France et où les traces de relief sont bien rares. Bienvenue en Languedoc gamin! Et les mirettes impressionnées glissent le long des collines tapissés d'arbres, se perdent dans la contemplation de la garrigue que l'été jauni, observe tout un paysage encore inconnu dans un sourire aussi extatique qu'incrédule. C'est donc ça le Sud? Fichtre! Que c'est beau! Et déjà il imagine la mer se mêlant à se décor pour parfaire le tout. Cauvisson se trouve t-il près de la mer?

L'impatience commence alors à poindre le bout de son nez, une impatience qu'il n'aurait jamais pensé ressentir. D'habitude c'est plutôt 'Cianne qui s'émerveille de ce genre de chose, lui se contente de hausser les épaules d'un air blasé. Discourir mièvrement sur la beauté du paysage, voilà bien un truc de bonne femme. Mais il n'en reste pas moins un gamin, un gamin qui aime tapisser ses rêves de jolies choses, et ce qu'il a sous ses yeux lui semble être un paysage tout droit sortir des romans les plus chevaleresques qu'il lui ai été donné de lire.

Puis vient la découverte de la Vaunage, le paysage est somme toute pareil et il faut bien avouer que le môme n'avait pas réellement fait la différence, si ce n'est que le relief est plus plat bien que les collines tapissées de vert se devine en arrière plan se fondant dans l'azur céleste, mariage parfait entre la terre et le ciel. Ne manquait que la mer. S'il ne l'a jamais vu, il a bien souvent tenté de l'imaginer l'intrépide, il sait qu'elle est là quelque part en Languedoc, au bout de la terre. Pourvu qu'en plus il y ai la mer à Cauvisson... La supplique se répète et s'évapore bien vite quand l'horizon laisse entrevoir le somptueux château, trônant sur son roc, surplombant majestueusement le paysage. Point de mer certes mais un cadre somme toute idyllique et la voix s'élève, enfantine, émerveillée, le branleur laissé aux oubliettes.

« 'Nore on arrive, regarde! » Aux oubliettes disais-je? « Par la mazette! C'est fichtrement pas du château de lopette ça! »

Ils auront tous sa mort sur la conscience voilà ! Y en a marre à la fin, et de se masser les tempes avec dépit en écoutant les blagues foireuses du petit Paon, en contemplant avec résignation les bulles laiteuses émergeant de la bouche de l’Etoile, et une conclusion : Elle est belle la jeunesse dorée du Royaume de France. Tu parles d’une délégation de haut vol, ils rasent les paquerettes là, et dans peu, ils seront obligés de creuser. Pourquoi est-elle venue ? Parce qu’ils lui ont demandée de les chaperonner. Ils ? Eric de Josselinière et Eusaias de Blanc Combaz.. Pour Lui, elle n’aurait pas accepté, pour les enfants, elle a dit oui, simplement, sans ambages, écoutant distraitement les recommandations du paternel Josselinière faisant crouler sur la petite angevine une myriade de baisers, baisers qu’elle a observé du coin de l’œil, sarcastique, moqueur.. Enfant pourrie gâtée dès le plus jeune âge, que deviendrait Yolanda Isabel ? Mais elle-même ne participe-t-elle pas à ce gagatisme ambiant ? Les mièvreries en moins. Et n’a-t-elle pas le même genre de comportement avec Alycianne et Cassian ? A n’en pas douter .. Vie de merde ! Prise à son propre piège.

Et dans le coche, elle écoute patiemment, qui les récriminations de Fernand concernant le mauvais caractère de Cassian, qui les informations semblerait-il capitales au sujet de l’éducation de Yolanda auprès de son père. La migraine la gagne, la lassitude aussi, et pourtant, elle ne se lasse pas vraiment de les regarder ces deux enfants en écoutant la valetaille piailler. Jusqu’à LA blague.. Le sourcil se hausse, se faisant tour à tour interrogateur, sceptique, puis blasé. Et les récriminations de Fernand de finir en atermoiement pour se justifier.

-« Silence, vous. Vous allez réveiller Fiora. »

Et risquer de nous briser les oreilles, la levrette ne supportant pas la présence proche du chien de Cassian. A quel moment l’éducation du petit Paon lui a-t-elle échappé ? Depuis quand se permet-il de la traiter de chochotte comme son père aurait pu le faire. De renfrognée, la mine passe à totalement furieuse, d’une rage froide, silencieuse, les cartes s’abattent sur la table et il sera bientôt temps de dévoiler son jeu pour mettre au tapis le petit prétentieux. Et alors qu’on pourrait penser que tout s’arrête là, qu’au détour d’une manche le Paon se fait plumer par l’Etincelle après abattage d’un carré d’as bien envoyé et que ladite Etincelle récupère la mise intégrale, c’est une autre cagnotte qui s’abat sur elle, en la personne de Yolanda Isabel, ayant enfin lâché le sein de sa nourrice pour se préoccuper d’elle. Un sourire réprimé à grande peine quand l’enfante ose l’impensable, c'est-à-dire traiter Cassian de « Pas beau », et déjà contre le giron d’Aléanore remplaçant le petit lévrier d'Italie qui vient se nicher contre Clarisse, c’est une petite angevine qui vient se lover, et tandis que les mains fines viennent glisser ostensiblement dans les bouclettes blondes du bébé, comme elle le faisait, il y a peu encore avec SON bébé, elle écoute attentivement, stoïque, la plaidoirie qui se veut responsable de l’irresponsable Cassian. Seul terme rassurant énoncé : la présence de l’Araignée à ses côtés. Et sans plus attendre son reste, l’ignoble micro-Paon descend du coche en se faisant mousser et en la traitant de bonne femme. L’arête du nez est pincée entre deux doigts, les dents grincent et les valets se font petits. Machinalement, les mains viennent lisser les plis de sa .. de la robe de Yolanda, plis imaginaires sur la petite cotte rose fuchsia du poupon, avant que son regard ne se pose sur l’extérieur du coche. Torse nu.. Il est torse nu.. Alors que la tunique choisie avec soin par elle-même git sur la croupe de l’animal, pauvre morceau de lin sanguin, seul restent pour sauver les apparences, les braies écrues et les bottes de monte. Le rideau se referme, du paysage, Aléanore ne verra rien, trop occupée à canaliser sa colère, à réprimer la rage qui se fait sentir dans l’habitacle du coche. Et la voix adorée en temps normal et honnie en cet instant, se fait entendre.

-« Remets ta chemise, il ne faudrait pas que l’on fasse rire nos hôtes en te faisant passer pour un valet grassouillet. Et à partir de maintenant, tu me demandes mon autorisation avant de me quitter, ou tu passeras le séjour dans ta chambre et je te le jure, tu risquerais de t’en mordre les doigts, d’autant que j’ai cru comprendre que la Morvilliers venait aussi. »

Tiens, dans tes dents, morveux. Mais il manque quelque chose.. Ah oui.

-« Et on ne t’a décidément rien appris dans ce collège.. Pour l’amour du ciel, tais toi ou essaye de parler comme quelqu’un de civilisé.. On dirait un pécore. »

De mauvaise humeur ? Aléanore ? Jamais. Le coche gagne la cour, et les valets descendent, la main de Fernand est repoussée pour attraper celle de Hugues, plus sure, plus familière, l’enfante est remise aux bons soins de sa nourrice et la simple cotte de lin azur brodée de fils d’argent lissée, au même titre que la tresse nouée d’une myriade de rubans et décorée de petits éclats de verre. A un valet se trouvant non loin après un énième regard à la délégation angevino-bourguignonne composée d'une sale garce, d'un ignoble marmot, d'une baveuse hors catégorie, d'une camériste gironde, d'un valet moribond et d'une nourrice à gros tétons, de deux clébards sans puces et d'un valet comtois - chacun ses tares, hein ?! - la conclusion est que tout le monde est là. On est bons, là ? On est bons.

-« Faites annoncer Aléanore Jagellon Alterac, Cassian de Blanc-Combaz et Yolanda Isabel de Josselinière. » Un regard au valet dudit Cassian. « Vous voulez quoi à me regarder comme ça ? »Une grande sage chantera plus tard : I'm Mrs Lifestyle Of the Rich & Famous..

En voila une que notre bon air du sud détendra, pense Seurin en avisant la Jagellon Alterac. Mais bien sur il est habitué aux minois, certes pas des plus déplaisants, crispés des nobles donc c'est sans laisser voir ses pensées qu'il s'incline devant la dame, puis devant la nourrice - en évitant de loucher sur l'abondant décolleté - pour le bébé, et enfin devant un jeune homme.

Soyez les bienvenu en Vaunage et au cœur du Château de Cauvisson!

Il se décale quelque peu pour leur laisser le passage et fait signe aux gens de venir débarrasser tout le fatras et à Conchetta, revenue, de les guider vers leur chambre.

J'espère que votre séjour sera agréable. Conchetta va vous mener vers vos chambres et puis ensuite vous êtes attendus en salle de réception pour l'accueil de la Vicomtesse et Eilinn Melani.

Perdu, le pauvre Fernand était perdu. Empêtré dans un monde qui n’était pas le sien et où les règles lui semblaient indéchiffrables. Tant de convenances protocolaires auquel le brave paysan qu’il était n’entendait rien. Et ce n’était pas sur le gamin qu’il pouvait compter s’il voulait en apprendre davantage. Parfois il avait la net impression que le môme éprouvait un vif plaisir à le voir se tourner en ridicule, qu’il s’amusait à le voir bredouiller bêtement les jambes flageolantes de peur de dire une ânerie. Comme une étrange impression d’être rien de plus qu’un simple jouet entre les main d’un sale gosse. Parfois, oui parfois ce cher Fernand faisait preuve d’une déduction surprenante.

C’est cette même déduction qui l’avait amené durant la journée à mémoriser quelques petites choses essentielles. Premièrement on ouvre pas la bouche devant la damoiselle de Concèze si on ne désire pas se faire rembarrer et foudroyer du regard. Et pour un homme dont la bravoure s’approche du néant faut dire qu’elle est fichtrement impressionnante la nobliote. Deuxièmement on ne reluque pas allègrement la croupe de la damoiselle en question au sortir du coche sans risqué de se voir poser avec véhémence une question gênante. Et troisièmement surtout on évite à tout prix d’essayer de se justifier -en bredouillant vaguement- les yeux toujours rivés sur la dite croupe sous peine de se manger une main en pleine gueule… Fernand: 0 - 'Nore: 3 avec mention spéciale domptage de plouc checké pour l'étincelle.

Et pendant ce temps là, un branleur pas encore dompté était en pleine contemplation de son nombril au sens littéral du terme. Trifouillant son ventre plat, pinçant la peau par si, pinçant la peau par là, à la recherche de la moindre parcelle de graisse. Et après avoir réussi enfin à s’extraire un léger bourrelet la dure réalité se rappelle à lui. ‘Nore a raison. Foutredieu! Il doit bien se rendre à l’évidence: il est gras… L’attaquer sur sa vanité est effectivement une valeur sûr mais les épaules se haussent bien vite., Ne pas lui montrer non plus qu’il attache de l’importance à son physique ; parce que bon, c’est pas une chochotte! Mais quand même, un dernier regard pour vérifier. Diantre! Il est bel et bien grassouillet…

Vient alors la deuxième gifle verbale sans qu’il s’y attende, alors même qu’il s’apprête à remettre sa tunique pour cacher cette graisse qu’on ne saurait voir. Cette fois c’est son orgueil qui est visé. Pas de doute elle le connait bien sa tortueuse et étincelante angevine. Et c’est avec une moue réprobatrice qu’il accueille la réflexion au moment même ou le garde prend la parole. Ne reste donc plus qu’à adressé un signe de tête à celui-ci avant de suivre la dite Conchetta. Mais avant tout, ne surtout pas oublié d’avoir le dernier mot.

« De toute façon on risque pas de me prendre pour du valet ou du pécore, j’ai pas de la prestance de plouc, hein… Et en plus je suis presque pas grassouillet! Aussi si tu veux plus que je parle je ne parle plus, mais alors je ne pourrais pas m’excuser d’avoir fait de la mauvaise tête, c’est à toi de voir! » Et le tout se ponctue sur un léger sourire mis taquin mis affectionné alors qu'il se revêt. C’est qu’il l’aime quand même son étincelle, même si ça l’amuse de la mettre un peu en boule. Et la marche est reprise gaiement direction les chambres, Fléance son chien en éclaireur et un Fernand un peu pot de colle dans les pattes ne cessant de caresser sa joue en lançant quelques petits coups d'œil anxieux vers l'arrière.