[RP] Une promenade amicale, ou pas.

[Sur les chemins]

Cauvisson... Telle était sa destination.

Ces derniers temps, les voyages allaient bon train. Déjà, le trajet Alençon-Paris s'était fait régulier. Puis ensuite, un voyage vers la Guyenne, où il s'était installé, traversant maintes provinces du Royaume, faisant quelques rencontres inattendues, se trouvant même un compagnon de voyage imprévu. D'ailleurs, le fait de s'installer même en Guyenne était un rebondissement qu'Eoghan n'aurait même pas imaginer quelques jours auparavant.

Enfin... Désormais, c'était vers le Languedoc qu'il voyageait, à destination de la Vicomté déjà nommée. Le voyage serait sans doute plus court, mais aussi plus dangereux, car il fallait éviter les groupements de brigands et les armées languedociennes qui sévissaient dans les environs.

[Arrivée à Cauvisson]

Le jeune cavalier solitaire arrivant en début d'après-midi à Cauvisson. Heureusement pour lui qui n'avait pas prévenu de son arrivée, alors que les invités arriveraient que dès le lendemain normalement, les gardes ne lui posèrent aucun soucis à l'énoncé de son nom. Cela le rassura, car cela lui aurait été désagréable de s'être déplacé pour rien ou d'avoir des soucis avec les hommes d'armes de la Vicomté.
Toujours est-il qu'on le fit entrer sans problème, qu'il put laisser son destrier aux bons soins des palefreniers ou du maître d'écurie, et qu'il put se rafraîchir alors même qu'il fit transmettre par un domestique un mot à la Melani. Enfin un mot... Une lettre, qu'il cacheta comme d'habitude. Il tenait à faire tenir la surprise le plus longtemps possible.

Citation :

À Eilinn Melani ;

Salutations.

Ne sachant que répondre à votre missive, il m'a semblé qu'une autre solution était plus propice. Aussi, la solution à notre problème de compréhension, ou ce que j'espère l'être, sera en les jardins du château de Cauvisson une heure après que vous ayez reçu cette lettre.

Amicalement,

Eoghan de Dénéré-Dongenan.

Voilà. Bien sûr, il avait faire promettre au domestique de tenir sa langue, et lui avait donné quelques pièces d'or afin que celui-ci communiquent aux gens du castel de ne rien communiquer sur son arrivée, justement.
Une fois cela fait, il entreprit de se préparer.

[Les jardins, une heure après]

Voilà. Le moment venait, normalement, et le Dénéré-Dongenan reverrait enfin son amie, et pourrait discuter avec de vive voix. Il en espérait que de cette discussion, les deux jeunes gens se comprendraient mieux. Et puis, c'était surtout une excuse pour le revoir un jour plutôt que ce qui était prévu, et seul à seule.
À son habituelle tunique, il préférait désormais les chemises légères. Celle qu'il portait aujourd'hui était blanche, assez fine et un peu trop près du corps, le jeune blondinet ayant pris quelques centimètres et un peu de musculature ces derniers temps, même s'il était loin encore du physique d'un homme "terminé" tant souhaitait du jeune complexé. La chemise était bien entendue fermée, sauf les deux boutons du haut, par seul confort à cause de la chaleur de la journée mais également rappelons-le, parce que le vêtement n'était plus trop de sa taille. À la terminaison de cette donc fameuse chemise, l'on pouvait voir pendre un bout de cordelette argentée. En effet, pour une raison inconnue, le presqu'homme avait en Sainte Horreur les ceintures, et avait donc pris pour habitude de ceindre ses braies par une cordelette souvent de couleur argentée. Enfin, Eo était également vêtu de braies vertes foncées et de bottes courtes en cuir marron et souple, assez aéré pour les chaleurs de l'été.

Bref, trêve de défilé printemps-été 1458, le Dénéré s'assit contre un grand arbre qui disposait les alentours d'une grande ombre, proposant ainsi un air moins chaud. Pensif, le coeur battant de nervosité de revoir Eilinn, il attendait patiemment que cette dernière arrive, en espérant que le domestique l'avait bien renseignée sur le lieu où elle devait se rendre. Et en espérant aussi, qu'elle s'y rende.

Admin Messages : 120 Date d'inscription : 25/06/2010

[Cauvisson, comme par hasard]

Les derniers préparatifs pour les festivités allaient bon train, et les deux jeunes filles venaient de terminer leur ouvrage en cette belle journée d'été. Eilinn s'était retirée dans sa chambre, pour un peu de repos, quand un domestique vint déposer une missive cachetée. A en voir le cachet, elle savait qui en était l'expéditeur, et elle frissonna un court instant, alors que la température de la pièce était plus que clémente. Elle hésita un long moment, avant de se décider à l'ouvrir et à la lire. Les sourcils se haussèrent, et elle se précipita à la fenêtre pour tenter d'apercevoir les jardins.

Avant de se rappeler que la pièce ne donnait pas dessus.

Mordillement de lèvres enfantin, alors qu'elle se précipitait vers les armoires contenant ses effets. Les malles en provenance de Champagne étaient arrivées peu de jours auparavant, et Eilinn avait constaté que la majeure partie des robes ne lui convenait pas, faute de rembourrages aux endroits adéquats, sans parler de celles à la limite de l'indécence... Néanmoins quelques houppelandes convenaient, et la jeune fille avait pu étoffer à moindre frais sa garde robe. Elle chouina néamoins un :

J'AI RIEN A ME METTRE !

devant l'amoncellement de tissus et froufrous.
L'hésitation ne fut pas longue, et une domestique l'aida à enfiler une cotte turquoise, qui conviendrait bien à la chaleur. Un long moment passa, tandis qu'elle faisait les cent pas, "ca fait une heure ou pas que je l'ai reçu ?", à changer de coiffure toutes les deux minutes, "les tresses c'est joli aussi !" "ou un chignon ?" "bon on va les laisser détachés j'arrive pas à me décider".
Et Eilinn ne pouvait ignorer que son estomac s'entrainait depuis l'instant de la lecture à faire des noeuds de marin dans son ventre.

Puis elle se décida, et sortit pas en trombe mais presque du Chateau, pour se diriger vers les jardins, le coeur battant. Ce fut elle qui l'aperçut d'abord, alors qu'il était adossé à un arbre.
Il avait grandi, mais elle aussi. Les mois passés avaient marqué les deux jeunes gens, Eilinn perdant peu à peu l'aspect enfantin
de son allure, les rondeurs poupines du visage faisant place à une gravité acquise par les évènements récents.

Elle manqua faire demi-tour en l'apercevant, trop effrayée en cet instant. Que pouvait-elle lui dire ? Sa dernière missive n'avait pas été des plus aimables, et Eilinn n'avait pas pu, n'avait pas su rompre le silence épistolaire qui s'en était suivi, excepté pour l'invitation aux festivités.

Elle se força à inspirer calmement, et parut presque se diriger sereinement vers le Breton. Révérence, ou on se tape
la bise ? On se sert la main peut-être ? Elle s'arrêta à deux pas de lui, le regardant, un sourire manquant d'assurance sur le visage.

Et là, l'angoisse de la page blanche.

Elle ouvrit la bouche, mais aucun son en sortit. Encore plus pâle qu'à l'accoutumée, ses mains jointes se tordant un peu sous l'anxiété, elle détourna le regard pour admirer un splendide brin d'herbe. Si si, vraiment splendide.

Lorsqu'il la vit arriver, Eoghan sentit une montée d'adrénaline et de timidité supplémentaire faire leur apparition. Bien entendu, il n'arrivait pas à garder son calme. Devant l'incertitude de son attitude à son égard, et la joie et le stress de la revoir, l'estomac du jeune blond semblait s'être rempli de plomb et être tombé jusque dans ses talons.
Cependant, mis à part le léger teint rosé sur sa peau pâle qui était apparut ses joues, rien ne trahit l'anxiété et tout ce qui s'emmêlait à l'intérieur de lui.

Au fur et à mesure des mois depuis cette fameuse rencontre à Saint-Omer, une amitié forte s'était écrite et les avait liés. Cette amitié n'était pas toujours de tout repos, car parfois, même souvent, leurs pensées venaient d'un monde totalement différent de celui de l'autre. C'est d'ailleurs sur cette note de la différence parfois extrême qui régnait entre eux que leur échange épistolaire s'était terminé.

Elle arriva, et se planta devant lui. Pas un mot, pas un geste. Etait-elle gênée ? Avait-elle même envie d'être ici et de le revoir ? Le doute, déjà grand, prit encore plus de place dans l'esprit du Breton. Comment devait-il réagir ? Surtout, que devait-il dire ? C'était là sa plus grande hantise, parler, car à chaque fois qu'il parlait, il y avait une chance sur deux qu'il fasse une grosse bourde.
Pendant le bref temps qui se passa pour lui à réfléchir à la réaction à avoir, il ne put s'empêcher d'observer Eilinn. Celle-ci, à chaque rencontre, s'éloignait de plus en plus de la jeune fille qu'il avait rencontré à Saint-Omer. Elle, devenait de plus en plus une jeune femme, tandis que lui s'approchait pas à pas de l'allure d'un homme. En fait, ils avaient grandi en même temps que leur amitié réciproque s'était développée.

Finalement, à court d'idée, le Dénéré-Dongenan fixa le brin d'herbe que la Melani semblait avoir pris admiration. Il fronça les sourcils, puis lança sur le ton de la conversation, sans vraiment le préméditer :

- Belle herbe, n'est-ce pas ?

Il ne lui fallut que quelques instants pour se rendre compte de l'idiotie et de l'inutilité de sa remarque. Le regard se porta sur le visage de son amie, puis ses propres lèvres s'étirèrent en un rire franc. À croire qu'il en avait fumer, de l'herbe.
Quelques instants à délester sa nervosité dans son élan d'allégresse involontaire, puis de rajouter, une fois légèrement calmé.

- Vous êtes vraiment en beauté.

Les yeux verts foncés autant rieurs que son sourire l'était, pétillèrent d'innocence, mais reflétaient aussi la joie de la revoir.

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Ils avaient l'air fin tous les deux, muets comme des carpes, à se demander qui allait parler. Eilinn ne cessait de réfléchir à ce qu'elle pouvait dire de spirituel et d'intelligent pour pallier à son manque total de conversation, quand l'apostrophe du Breton la prit par surprise. Les yeux s'ouvrirent en grand l'espace d'un instant, tandis qu'elle n'arrivait pas encore à faire bonne figure.
Ses mains se délièrent et l'une d'elle vint dissimuler le sourire naissant sur son visage. L'air de rien, elle se racla la gorge, et répondit en semblait très inspirée.

Oui oui ! J'aime beaucoup... sa couleur, et puis... son allure, c'est... une belle herbe effectivement... D'ou le fait que je la regarde...

Aïe première bourde ! Espérons qu'il ne remarque rien, dans le genre "je la regarde parce qu'elle est jolie mais pas toi", elle venait de faire fort. Et pourtant ce n'était pas son habitude de faire ce genre de boulette, à croire que la situation lui faisait un peu perdre la raison.
Un nouveau raclement de gorge, tandis que le breton était hilare, et ce fut finalement une rougeur qui apparut sur ses joues à l'énoncé du compliment suivant. Elle n'était pas encore habituée à ce genre de choses, et manquait de recul quand une telle phrase lui était destinée. Finalement ses yeux d'azur finirent par se porter sur Eoghan, un peu timides.

Merci du compliment.

En général la phrase suivante était du genre "mais c'est vraiment pas une robe de fête" ou "je suis toute décoiffée c'est pas vrai", mais elle se retint.

Et vous, vous avez grandi depuis notre dernière rencontre.

La jeune fille passait d'un pied sur l'autre, mal à l'aise, quand tout d'un coup elle sembla se décider, et...
sauta au cou du garçon, dans un élan enfantin. Et oui, sauter, car il était plus grand qu'elle. Elle parla alors d'une voix précipitée, d'ou transperçait le soulagement.

Jesuissicontentequevoussoyezvenu, jepensaisquevousnevoudriezplusmerevoir !

Et oui, tout ça !

Messages : 78 Date d'inscription : 25/06/2010

[ En mode Princesse en haut de la tour ]

Tout là-haut, oui tout à-haut, à la tour principale du château Vicomtal se trouvait la modeste chambre circulaire de Jehanne Elissa. maîtresse des lieux il était normal quelle ait la plus haute, la plus spacieuse mais aussi celle offrant la plus belle vue sur les jardins et surplombant le village de Calvisson et sa vallée, le château étant sis sur le Roc de Galchone.

Alors de là-haut, elle profite. Elle savoure même le bonheur de se retrouver en vaunage terre qui vous prend par les tripes ou vous débecte, évidemment, elle, ça la prend par la tripe, elle l'aime, l'aime de tout son être. terre qui a été à sa mère puis à son père puis à elle, héritage dont elle est si fière. Quand la petite Goupil est à cauvisson elle n'est plus réellement la même: adieu fastes et mondanités, bonjour sipmplicité! Ses atours se simplifient tellement que seule la qualité du tissus et surtout le fait que se ne soient pas des haillons la différencient des enfants des gens de la demeure, ses cheveux sont éternellement lâchés et son visage parfaitement détendu et même légèrement hâlé. Cauvisson est pour elle le retour à la simplicité dans laquelle tante Pol l'a élevée mais aussi dans laquelle elle se plaît plus que tout. Et Aristote sait que ça lui avait manqué avec tous les événements, toute la route quelle avait pu faire cette année! Oui, le retour à Cauvisson était une bénédiction et ces festivités une joie.

Son regard vert embrasse une dernière fois le village puis elle se retourne et adresse un sourire à la dame présente dans sa chambre: une chambrière devenue le temps de l'organisation chargée de la logistique.

- « Carlota, nous en avons fini pour aujourd’hui. »

Tout semblait fin prêt et c'est pour ceci qu'Eilinn avait pu partir librement accueillir le premier invité arrivé. A Cauvisson leur relation changeait aussi, entre elles deux: Jehanne n'étant pas autant coquette que partout ailleurs les préparations s'avéraient bigrement raccourcies alors elles étaient en ce lieu, plus que nulle part, deux amies point à la ligne. Et quel plaisir ça avait été d'organiser tout ça avec elle! Un nouveau sourire vient parer le visage de la petite rousse quand elle s'affale sur le lit.

Ah, ça va être bien. peut-être pas grandiose du moins certainement pas autant que les festivités de la Souveraine de Bolchen... Le cadre de Cauvisson était le plus beau, ses habitants les plus joyeux et son château n'avait rien à envier au plus beau des châteaux de Vicomte: ne possédait-elle pas la plus grande et riche terre du sud? Ça serait élégant juste ce qu'il faut pour être de bon goût et surtout drôle, joyeux, et drôle, et encore joyeux. De partout de jeunes nobles venaient et peut-être même que des bretons viendraient. Nouveau sourire: nouveau sourire, les guerres on s'en fout on a des gâteaux. Le seul inconvénient aurait pu être le mauvais temps...

Hop, elle se lève et retourne regarder la vue et plus précisément, le ciel. Pas l'ombre d'un nuage à l'horizon et un soleil écrasant. Parfait... Oh les jardins. Tiens, était-ce Eilinn en compagnie du premier invité? De là-haut, elle ne voit pas grand chose. mais son esprit de pré-ado lui, lui dit bien des choses sur ce que doit ressenti Eilinn en bas. Ah, la découverte de la promiscuité!

Eoghan ne réagit pas à l'énonciation des qualités du brin d'herbe. Si cela avait une allure de bourde pour la Melani, lui n'entendit qu'à peine cela, trop prit dans son fou rire. Heureusement d'ailleurs, car s'il avait réellement entendu, cela sans doute l'aurait-il gêné ou rendu plus timide encore qu'il ne l'était déjà en temps normal.
Cependant, la suite, il la remarqua davantage.

Et vous, vous avez grandi depuis notre dernière rencontre.

Cette fois-ci, il entendit bien la phrase. Très bien même. Et ça ne manqua pas de lui faire monter le rouge aux joues de manière instantanée. Depuis longtemps déjà, le jeune garçon était complexé par sa taille. Par rapport aux autres, il était étrangement toujours plus petit qu'eux, et cela le marquait assez profondément au point de lui faire perdre confiance en lui en bien des occasions. Par ailleurs, même s'il était conscient qu'il avait rattrapé un peu de son retard, il était quand même encore plus petit que la plupart des autres, qui souvent déjà à cet âge avaient plus l'allure d'homme que lui. Bref, tout ça pour dire que le compliment le touchait d'autant plus, bien que cela n'était sans doute pas prémédité de la part d'Eilinn.

Pas le temps de répondre, qu'un nouveau choc, physique cette fois-ci, le touche. Physique oui, car son amie avait sans doute oublié qu'il était plus ou moins contre l'arbre, et lorsqu'elle lui sauta dans les bras, le dos se prit le tronc de plein fouet, lui coupant en parti la respiration. Mais fierté oblige, le Dénéré-Dongenan fit tout ce qu'il put pour ne pas le montrer.
Puis suivit du choc physique, le choc psychologique. Oui oui, psychologique. Faut dire que la plus grand proximité avec une fille avait été pour lui le baiser sur la joue d'Eilinn à la Chapelle Saint-Antoine-le-Petit. Exceptées les embrassades avec sa mère ou sa soeur, mais c'était la famille, ça compte pas donc.

Jesuissicontentequevoussoyezvenu, jepensaisquevousnevoudriezplusmerevoir !

Au choc psychologico-physique, il fallait additionné aussi le choc auditif, car la phrase ainsi prononcée résonna de manière assez étrange à ses oreilles, ce qui l'obligea à faire un gros effort de réflexion pour comprendre.
Finalement, presque de manière instinctive, le Breton serra dans ses bras la Melani, assez gêné quand même, et tenta de construire une réponse cohérente et compréhensible. Autant signaler que ça n'allait pas être de la tarte.

- Je... euh, oui, j'ai.. un peu grandi... je crois... euh...

Originale comme réponse. Ou pas. Conscient qu'il risquait de s'emmêler les pédales dans l'afflux de sensations et de sentiments qui le prenaient d'assaut, il ravala discrètement sa salive, et desserra l'étreinte naturelle qui s'était faite lorsqu'elle lui avait sauté dans les bras, pour la reposer au sol en ayant quelques centimètres de distance.
La stratégie étant mise en oeuvre, cela lui permit de reprendre un peu de contenance. Un peu, pas trop quand même.

- Vous... euh, supposez mal, Eilinn. Je n'avais plus aucune raison de... euh, de ne plus vouloir vous revoir. Bien au contraire.

Petit à petit, une couleur normale revint à l'endroit de ses joues. Ses yeux se posèrent à nouveau sur le visage de l'orpheline, sans pour autant oser regarder les deux saphirs, bien trop peu téméraire pour cela.

- Je suis vraiment ravi de vous revoir aussi. Je dois l'avouer, j'ai eu peur que vous ne veniez pas ici comme je le proposais dans la lettre. Je pense que j'ai été trop injuste et dur dans ma missive d'il y a quelques jours...

Ce fut cette fois à son tour de regarder l'herbe au sol. Il n'était pas vraiment fier de son comportement avec elle ces temps-ci, faisant preuve coup à coup de jalousie et d'autres sentiments peu honorables.
Et malgré tout, elle était ici. Elle semblait même réellement heureuse de le revoir. En constatant cela, son esprit s'apaisa quasi instantanément et la boule de nervosité s'évapora comme l'eau au soleil. Cependant, de la honte persistait au souvenir de la missive qu'il lui avait envoyé avant de recevoir l'invitation pour Cauvisson. D'ailleurs, ses mains jointes devant lui et qui se trituraient étaient là une conséquence de la gêne qu'il éprouvait vis à vis de sa récente attitude.

Il n'était nullement conscient que là-haut, une rousse princesse de sa tour les observait.

Admin Messages : 120 Date d'inscription : 25/06/2010

Elle était contente. Presque heureuse, comme l'enfant qu'elle était, à avoir un ami. Cet assaut spontané n'était en aucun cas une tentative de séduction quelconque du Breton, Eilinn étant à des années lumière de ce genre de pensées.
Eoghan la repoussa gentiment, mais elle ne s'en formalisa pas, trop rassurée de savoir qu'il ne lui en voulait pas. Et de surcroit il faisait amende honorable pour sa dernière missive.
Elle poussa donc un soupir de soulagement en entendant tout cela, ayant vraiment craint qu'il ne se désiste pour ces festivités. Elle avait été bien trop intimidée pour lui demander confirmation après leurs derniers échanges épistolaires. Eilinn eut un sourire rayonnant en regardant Eoghan.

Si vous saviez à quel point cela me soulage ! Je n'ai pas non plus été très gentille, et... c'est vrai que je n'ai pas été honnête avec vous complètement, j'avais peur que vous le preniez mal...

Mordillement de lèvres enfantin.

Je ne sais même pas moi-même ou j'en suis, et je n'en ai parlé à personne encore... Même Jehanne Elissa ne sait pas que j'envisage de prononcer les voeux monastiques.

Le regard d'Eilinn se perdit dans la végétation, un peu ailleurs, comme si elle semblait encore y réfléchir en cet instant.

Si vous saviez à quel point cela me soulage ! Je n'ai pas non plus été très gentille, et... c'est vrai que je n'ai pas été honnête avec vous complètement, j'avais peur que vous le preniez mal...

Si ces mots là terminèrent de le rassurer, ce ne fut pas le cas pour les suivants.

Je ne sais même pas moi-même ou j'en suis, et je n'en ai parlé à personne encore... Même Jehanne Elissa ne sait pas que j'envisage de prononcer les voeux monastiques.

Etrangement, sans qu'il ne se l'explique, un nouveau noeud se forma dans son estomac, mais cela n'avait rien avoir avec la nervosité. Non, c'était plutôt quelque chose du genre de la déception, même s'il n'en saisissait ni le contenu ni la provenance.
Après tout, pourquoi se serait-il formalisé de cela ? Il savait bien, au fond de lui, que ça ne devait avoir aucune importance à ses yeux. Pourtant, cela en avait, et sa première réaction s'il ne se retenait pas ne serait pas celle d'un ami qui soutient son amie. Cependant, cela ne venait nullement des préjugés qu'Eoghan pouvait avoir envers la religion Aristotélicienne. Ayant vécu en Bretagne durant nombre d'années, il avait aussi acquis la tolérance que sa mère lui avait enseigné envers la religion Aristotélicienne, bien que leur famille honorait le culte druidique. Or, cela, Eilinn ne le saisissait, et croyait naïvement qu'il s'agissait juste d'intolérance ou d'incompréhension de la part du blondinet.
Alors, plutôt que de réagir comme il l'aurait voulu au premier abord, il préféra donner une réaction de façade, afin d'être sûr de ne pas creuser davantage le fossé entre eux.

- Et bien, cela est votre choix. C'est important. Si cela vous donne accomplissement et bonheur dans votre vie, je ne peux en tant qu'ami, que vous soutenir dans cette pieuse entreprise.

Tout en disant cela, le Dénéré-Dongenan gardait un impeccable sourire léger sur les lèvres pour dissimuler qu'au fond de lui il souhaitait que la Melani ne fasse pas ce choix. Cependant, il n'avait aucune raison valable à lui opposer. Il savait qu'il était donc préférable de ne rien dévoiler de ses pensées.

Instant de silence, il ne sait que rajouter pour poursuivre la conversation.

Puis finalement, une idée lui vint. Pas forcément l'idée du siècle, mais cela au moins lui permettrait-il de ne pas se plonger dans un silence suspect et gêné.

- Si vous me faisiez l'honneur de me faire visiter les jardins du domaine ? J'imagine qu'il y a bien quelques merveilles à découvrir ou un point d'eau à rejoindre afin de se rafraîchir un peu le visage en cette chaude saison ?

Il est vrai que le nouveau sujet lancé n'était pas totalement dénué d'intérêt pour le jeune Breton habitué au climat du nord. Et dans un sourire toujours posé sur son visage encadré de mèches blondes, de lui tendre un bras afin d'entamer la promenade.

Admin Messages : 120 Date d'inscription : 25/06/2010

Eilinn crut au sourire de facade, aux paroles bienveillantes d'Eoghan, ne se doutant nullement qu'il lui mentait en cet instant pour ne pas la blesser. Elle eut alors un sourire heureux, soulagé, et elle prit les mains d'Eoghan dans les siennes pour le remercier de ce soutien sur lequel elle comptait tant. La gratitude transparaissait dans sa voix.

Merci ! Vous n'imaginez pas à quel point j'apprécie votre soutien !

Il proposa ensuite une visite du parc, qu'Eilinn accueillit avec enthousiasme.

Bien sur ! Le parc est très agréable et ombragé vous verrez !

Elle prit le bras du Breton avec entrain, et le mena dans une visite du parc du Château, passant tour à tour à coté des carrés de simples, des quelques lopins de terre cultivés pour la cuisine du castel, et se dirigea vers une partie plus arborée, et surtout plus fraiche, bien plus agréable pour la promenade.
Les terres de Cauvisson étaient belles, bien qu'écrasées par la chaleur. Les parterres de verdure se faisaient rare, et au loin on distinguait la garrigue, végétation d'épineux peu accueillante, mais la seule susceptible de survivre sans les soins de jardiniers.

Alors, que faites-vous actuellement en Alençon ?

La jeune fille n'était pas au courant des projets de déménagement du jeune homme, pensant toujours qu'il s'investissait auprès de la Comtesse Deedlitt de Cassel.

Alors que tous deux entamaient la visite des jardins, encore une fois, un nouveau sentiment prenait naissance chez le presqu'homme. Et là, il n'avait pas besoin d'y penser longtemps pour en deviner la teneur. Il se sentait coupable. Coupable de lui donner pour réponse un tel mensonge, alors que c'est lui qui l'avait poussée à être si honnête. Assez paradoxale comme situation, car chaque vérité que l'un exprimait entrainait irrémédiablement des mensonges dans la bouche de l'autre.
Eoghan avait à peine remarqué les différents paysages défiler devant ses yeux, tant il était obsédé par tout le reste.

Alors, que faites-vous actuellement en Alençon ?

Enfin, heureusement, Eilinn eut le bon sens de lui poser une question, ce qui le tira de ses mornes pensées et de sa flagrante inattention. Léger sourire gêné, le Breton avait complètement oublié de l'informer de tout ce qui venait de changer dans sa vie.

- Je... Je ne fais rien, en Alençon. D'ailleurs, je n'y vis même plus.

Petit instant en suspend, puis continue.

- À vrai dire, grâce à la Comtesse de Lille, j'ai pu déménager. L'Alençon ne me convenait pas... C'était trop... inactif, morne. Et puis, je ne m'y étais fait encore aucun ami.
Je suis donc parti m'installé en Guyenne, et devrait intégrer la mesnie d'une noble Dame amie de Deedlitt. Avec un peu de chance, je pourrais même y apprendre le maniement des armes...

Autant dire qu'il était facile de deviner au ton de la voix que se voir enseigner le maniement des armes ne l'enchantait en aucune manière. Il n'avait ni le physique, ni les réflexes, ni l'envie pour se battre. Enfin, Eoghan savait que cela lui était un passage obligé dans la vie, et sa majorité approchant il ne pouvait plus se permettre d'attendre et de remettre cela à plus tard.
Mais pour ne pas terminer sur une note larmoyante, il précisa, presque de manière anecdotique.

- L'avantage, c'est que je ne serai qu'à quelques jours du Languedoc et donc de Cauvisson.

Le Dénéré-Dongenan ne porta pas son regard émeraude sur le visage de son amie en disant cela, encore marqué par le fait qu'elle veuille prononcer les voeux monastiques. Il n'avait nul envie de se trahir et de la décevoir une nouvelle fois. C'est pourquoi la contemplation d'un arbuste qu'il ne connaissait aucunement se révéla être particulièrement intéressante pour qu'elle ne puisse rien saisir dans ses yeux.

Admin Messages : 120 Date d'inscription : 25/06/2010

Toujours accrochée au bras de son compagnon, la jeune fille ouvrit des yeux ronds à la nouvelle du déménagement.

Vraiment ?

La jeune fille chercha mentalement qui pouvait être l'amie de Deedlitt en question, et hasarda le nom le plus évident.

Vous allez avec la Vicomtesse de Bapaume ?

Sous l'enthousiasme, elle commença à parler, parler, parler, cela lui prenait parfois, et il était difficile de faire stopper le flot.

Si c'est le cas, c'est une très bonne nouvelle ! En plus Agnès va venir ici pour les festivités ! Je suis sure qu'elle saura bien s'occuper de vous !

Mais ce sera formidable ! Vous n'aurez plus d'excuse pour ne pas venir me voir !

Mais vous n'avez pas envie de retourner en Bretagne
? Cela doit être pesant d'être si loin de votre famille...

De manière inattendue, Eilinn entreprit de noyer Eoghan sous les questions. Mais bien loin de s'en inquiéter, il s'en amusait plutôt, et nota dans son esprit chacune des questions afin d'y répondre une fois qu'elle aurait fini sa diatribe. Et durant tout le temps qu'elle parla, il la regarda du coin des yeux, intrigué qu'elle puisse passer du silence d'il y a quelques minutes aux flots de paroles de l'instant présent.

- Je ne crois pas avoir besoin de confirmer qu'il s'agit en effet de la Vicomtesse... Mais je ne l'ai rencontré qu'une seule fois.

Bien entendu, le Breton ne précisa pas qu'il l'avait rencontrée à la sortie de la Chapelle Saint-Antoyne-le-Petit, à l'endroit-même où la Melani avait eu la confirmation par le Duc de Lavardin que sa mère était désormais défunte.

- Bien sûr oui, je pourrais venir vous voir plus souvent. Comment en aurait-il pu être autrement ?

Léger sourire, qui s'efface aussitôt.

- Pour l'instant je n'ai guère envie de rentrer en Bretagne non... Même si ma famille me manque. Mais bon, je suis presque en âge d'être un homme. Je me dois d'être indépendant, je crois.

Les épaules se haussent. Il n'aimait pas tellement s'épandre en sentiments, surtout lorsque ça concernait sa famille. Peut-être sans doute parce qu'ignorer le fait qu'il en était loin lui permettait de moins en souffrir.
Et puis, ce fut à son tour de la questionner.

- Et vous ? Que faites-vous ici ?

Il hésite, puis finalement le Dénéré-Dongenan pose d'un ton neutre la question suivante.

- J'imagine que l'absence de votre mère ne doit pas être toujours facile ?

Admin Messages : 120 Date d'inscription : 25/06/2010

Les mots du breton la ravirent, "Comment en aurait-il pu être autrement ?", et elle eut un sourire rayonnant à savoir qu'elle pourrait le revoir plus souvent. Babillant toujours gaiement, elle répondit à ses questions.

Moi ? Je prépare les festivités bien entendu ! Puis je reste dame de compagnie de Jehanne Elissa, même pendant l'été !

Le sourire se rembrunit un peu à la dernière question posée, son regard azuré se faisant un instant plus lointain.

C'est dur... comment cela pourrait être le contraire ? Même si j'ai des activités, que je rencontre des gens, il y a forcément des moments ou elle me manque... Elle n'était pas forcément une mère très présente, mais je savais que je pouvais compter sur elle... Même si mon beau-père est gentil, c'est différent... Il y a des choses dont je ne peux pas parler avec lui...

Alors je parle aussi à Jehanne Elissa, on a parfois les mêmes interrogations...

Un instant de silence, avant de reprendre le fil de ses pensées.

J'ai reçu les malles de ses possessions qu'elle m'a transmises... J'ai de quoi m'habiller pendant un moment, même si beaucoup de robes sont à reprendre, je n'ai pas le gabarit de ma mère... Elle aimait beaucoup le rouge, cela ne sera pas aisé à reporter, vu que j'aime pas trop me faire remarquer...

Mais pour l'instant, c'est encore facile... mais quand je serai majeure, je pense que le poids de sa mort sera plus difficile à porter... Je serai obligée de me rendre en Champagne, et forcément, on me comparera à elle...

Et...

Et je pense que cela ne sera pas forcément en ma faveur...

Elle haussa les épaules, comme si cela ne lui était pas important. Alors que c'était tout l'inverse dans son esprit.

Mais je n'y peux rien après tout...

Elle changea brutalement de sujet.

Et vous comptez vous réinvestir en Guyenne ? Ou juste profiter de l'éducation de la mesnie Saint Just ?

Le deuxième flot de paroles de la Fleur Printanière avait eu un étrange écho dans l'esprit du Dénéré-Dongenan, à la fois partagé entre la compassion et la distance qu'il avait vis-à-vis de ce qu'elle ressentait.
Compassion parce qu'il ne fallait pas être un grand philosophe pour saisir la tristesse et l'angoisse parfois même qui teintée la voix d'Eilinn. Distance parce qu'il savait qu'il pourrait faire tous les efforts qu'il voulait, il n'arriverait jamais à la comprendre pleinement, n'ayant jamais vécu une situation similaire. Et même si Eo savait qu'il ne pourrait lui offrir le réconfort dont elle avait besoin, avant de répondre aux nouvelles questions de presque-journaliste de la jeune fille, il ne put s'empêcher de réagir aux paroles précédemment dites.

- Je ne peux comprendre ce que vous vivez... Cependant, je comprends le poids de l'héritage que vous vous sentez obliger de porter. Mes parents sont encore là, certes. Mais ils ont fait, et font encore tellement pour la Bretagne... Je me sens toujours forcé d'en faire au moins autant pour espérer à leur faire honneur un jour, même si je doute d'y arriver un jour...

Sachez qu'avec moi, vous pourrez toujours vous défaire de tout, même de l'héritage que vous serez obligée de porter ailleurs.

Et tout comme elle, il changea brutalement de sujet pour lui répondre.

- Déjà profiter de l'éducation de la Saint Just me semble être un programme assez chargé d'avance. Mais je crois que je serai incapable de ne pas me réinvestir en Guyenne, même si je n'ai aucune idée de la forme que cela prendra.

Le Breton haussa les épaules, pour appuyer le ton neutre et évasif montrant qu'il était davantage perdu qu'autre chose. Et de rajouter, l'air de rien, comme si ce n'était qu'une anecdote peu importante à retenir.

- Et puis, m'investir en Guyenne me permettrait peut-être de récolter une terre riche et de porter un beau rang d'ici quelques temps. Je ne suis pas pressé. Ainsi, je pourrais honorer ma famille d'un mariage fructueux d'ici quelques années.

Et encore une fois, de changer de sujet de manière inopportune.

- J'aime bien le paysage dans cette contrée. C'est si différent de la Bretagne... Léger sourire qui s'étire. Par contre, la chaleur et le soleil sont bien plus incommodants par ici.

Là, dans le langage fier de l'Eoghan, ça voulait dire après traduction : "ça serait cool de trouver un coin ombragé ou un endroit où y'a de l'eau, sinon, faudra me ramasser à la pelle".

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Alors que son bras était entrelacé à celui d'Eoghan, sa main se posa sur celle du jeune homme en guise de reconnaissance quand il l'invita à ne pas être trop formelle avec lui.

Merci beaucoup pour cela. Déjà Jehanne Elissa m'offre cette même... nonchalance, et je suis heureuse alors de pouvoir en faire de même avec vous. Déjà notre correspondance m'était très... précieuse, et même si parfois vous me trouviez un peu lointaine ou vague, j'attendais toujours vos lettres avec impatience.

Elle l'écoutait avec attention, et eut un sourire quand il parla de vouloir devenir noble de Guyenne.

N'est-ce pas le souhait de tout enfant de noble lignage ? Offrir une alliance fructueuse à sa lignée pour asseoir son influence dans le royaume ? Je ne doute pas que vos parents seront fiers de vous si vous leur offrez une telle chose...
J'espère quoi qu'il en soit que vous vous plairez en Guyenne, que vous y trouverez ce qui pouvait vous manquer en Alençon, et qui a motivé votre départ !
Enfin sachez que vous pourrez toujours venir ici à l'occasion !

Eilinn hocha la tête en l'entendant se plaindre de la chaleur. Elle n'était pas tellement habituée non plus, c'était bien différent du temps orléanais.

Si vous voulez, nous pouvons rentrer à l'intérieur du Castel, il fera plus frais, et vous pourrez vous rafraichir... Le castel vicomtal est sur un roc, donc à part les puits, nous n'avons pas de rivière qui passe ici, ou alors il faudrait descendre au village... Il est vrai que je commence à avoir chaud également.

Les joues de la jeune fille s'étaient effectivement colorés, et elle aspirait à un peu de fraicheur également.

Vous aurez bien le temps par la suite de découvrir le domaine durant le temps de votre séjour.

Les premiers mots de la Melani lui tirèrent un léger sourire. D'ailleurs, il ne s'émoustilla aucunement par la main posée sur la sienne, ayant repris ses esprits et réussi à chasser le trouble de son esprit de quand elle lui avait sauté dans les bras quelques temps plus tôt. Il faut dire que le jeune homme avait gardé une certaine naïveté sur ces choses, ce qui pouvait être un avantage comme un inconvénient. En l'occurrence ici, un avantage.
Et si aux premières phrases Eoghan n'apporta pas de réponse, ne le jugeant pas utile, il le fit cependant pour le second paraphe.

- Certes, certes. Mais à la différence de vous qui êtes sûre de pouvoir préserver les terres de votre famille, pour ma part en l'instant actuel, je ne suis pas considérer comme l'héritier de mes parents... Le mariage druidique n'ayant pas la considération d'un mariage Aristotélicien.

Le Breton s'interrompit, puis reprit.

- Alors, la tâche est d'autant plus importante d'obtenir une bonne terre sachant qu'en sus de préserver notre nom, il me faudra pouvoir subsister aux besoins et dépenses d'une noble maison. Et en l'état, si demain mes parents venaient à disparaître, ma soeur et moi nous retrouverions plus désoeuvrés que des vagabonds...

Haussement des épaules, léger soupir, puis chasse ses mornes pensées.

- Mais j'espère aussi que la Guyenne répondra à mes exigences.

Lorsqu'elle lui signifie qu'il n'y a aucun cours d'eau dans les parages, les sourcils du Dénéré se froncent et l'inquiétude se fait grande. Il n'avait pas envie de mourir desséché, et pour lui qui avait toujours vécu non loin de rivières ou de fleuves, le fait qu'une terre n'en ait pas lui semblait totalement aberrant.
Le blondinet allait lui répondre qu'il profiterait bien de sa compagnie jusqu'au castel, mais il ne le fit pas. À travers les bandages qui couvraient une bonne partie de son torse depuis sa chute lors des joutes de Sainct-Omer très peu de jours auparavant, la douleur fit son apparition soudainement, la blessure ayant sans doute était ravivée pour venir en Languedoc. Bien évidemment surpris, il eut un haut le coeur et tressauta légèrement. Inutile d'espérer qu'Eilinn ne se soit aperçue de rien. Alors de dire, l'air de rien.

- Je crois que je vais me retirer de votre si plaisante compagnie, à regret. Le voyage m'a, je crois, plus fatigué que je ne le pensais, et j'aurais bien besoin de me rafraîchir et de me reposer jusqu'à mes appartements.

Petit sourire forcé qu'il espérait réussi, ses talents de comédien étant très limités.

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Elle hocha la tête aux propos d'Eoghan, et elle ajouta, en souriant :

N'oubliez pas ce que je vous ai proposé dans une de mes missives, cela pourrait toujours vous être utile si jamais le destin ne devait pas vous être favorable. Mon offre tient toujours.

Le jeune garçon fut alors pris d'un malaise, et la jeune fille commença à s'inquiéter. Probablement que la chaleur languedocienne y était pour quelque chose, les terres du Nord étant bien plus douces à vivre.

Vous semblez fatigué effectivement, vous êtes tout pâle.

Elle lui sourit gentiment, et enleva sa main et son bras, le laissant maintenant libre de ses actions.

Je vous raccompagne jusqu'à l'aile des invités, et nous nous reverrons plus tard alors, il faut vous reposer !

L'offre oui. Il s'en souvenait bien, et ne répondit pas à son amie, ne voulant être trop abrupt dans sa réponse. Pour lui, la réponse serait non et toujours non. Le Breton n'avait aucun mérite qui justifier de devenir son vassal, et de plus, n'envisageait même pas de l'être, refusant de dépendre et d'être inférieur à elle. Il y avait sans doute de la fierté dans de telles pensées, mais ce n'était pas là l'essentiel.

Pâle oui. Sans parler de l'envie de vomir ni de l'envie de hurler à cause de cette fichue douleur à la noix. La blessure en elle-même n'était pas très grave, elle serait juste assez douloureuse le temps que cela guérisse. Mais Eoghan voulant ménager son amie et ne pas l'inquiéter si jamais il venait à nouveau à faiblir sur le chemin du retour, et déclina donc avec une certaine douceur son offre, quand même un peu mal à l'aise.

- Je vous remercie, mais je vais rentrer seul.

Dernier petit sourire de façade, et le temps d'un léger baise-main.

- J'ai passé un très agréable moment en votre compagnie. N'hésitez pas à venir me voir surtout si l'envie vous prend. Je serai sans doutes dans mes appartements, je doute beaucoup en bouger.

Et pas très élégamment, de laisser planter là la Melani et de se dépêcher de rentrer au plus vite.