[RP] Premier rendez-vous.

Messages : 78 Date d'inscription : 25/06/2010

Un moment de repos... C'est ce que pense la petite Vicomtesse en s'affalant sur le lit de sa chambre. Elle le sait, il sera bref ce moment mais ô combien salutaire. On l'avait prévenue de l'arrivée de sa Tante Catalina ce qui bien évidemment nécessiterait sa présence. Et puis peut-être serait-ce l'occasion de mieux se connaître, pense t-elle en relevant sa masse de cheveux roux en lâche chignon. Comme la vie était étrange... Il restait sur ce monde deux êtres partageant son sang: un vague cousin, Kamharley et la sœur de sa mère. Et pourtant elle ne les connaissait pas... La jeune héritière Goupil avait grandi avec sa Tante Pol et Catalina, avec Kamharley. Le temps, la vie, la distance avaient ainsi fait leur effet. Mais en grandissant cela irait mieux, elles pourraient se lier plus que le sang ne les lie déjà. Peut-être ces deux personnes presque inconnues, du moins autant connues qu'une autre mondaine que l'on croise à des événements, arriveraient à se rapprocher par le sang mais surtout, le cœur?

C'est sur ces pensées que Jehanne Elissa avait trouvé le sommeil. Encore habillée, la tête enfouie dans un oreiller et roulée en boule dans son lit. Quand on tapa à la porte, elle n'entendit pas. Quand on tapa la seconde fois elle grimaça, la troisième, elle disait d'entrer en se frottant les yeux. Une de ces dames se trouvait là un pli entre les mains. Se trainant contre le mur auquel tait collé le lit, les jambes sagement repliées sur son oreiller elle demanda la lecture d'une petite voix endormie. Petite Goupil encore enfant... Qui est à la fin de la dictée pleinement réveillée.

- « J’y vais, retournez vite le prévenir ! J’espère ne pas être en retard… Il faut m’habiller, la robe est froissée !

Et pléthore, pléthore de petits cris Volpilhatesques, des cris de jeune fille impatiente.

C’est ainsi que quelques instants plus tard, nous dirons instants pour ne renforcer cette rumeur obsolète qui dit que les filles prennent du temps à se préparer que Vicomtesse miniature arriva dans les jardins. De grâce le soleil quittait peu à peu son zénith et la chaleur même si elle n’était pas complètement absente se montrait plus vivable. Petites chaussures en cuir de Cordoue qui la mènent sur un banc de pierre vulgairement taillée, face aux jardins si bien entretenus qu’avait voulu sa mère. Et aux petits yeux verts de chercher le jeune garçon aux cheveux auburn…

Messages : 25 Date d'inscription : 30/06/2010

La Merveille avait fait le tour des jardins peut-être deux fois déjà, à la recherche de la petite rousse qu'il avait vue au cours de la cérémonie et à laquelle il avait fait parvenir un petit mot. Viendrait-elle au fait ? Allait-elle l'éviter ? Et lui, allait-il s'enfuir avant de la voir ? Assurément non, cela n'était pas dans son caractère bien qu'une nouvelle sensation l'envahissait, un sentiment inconnu de peur mêlé d'appréhension. Ils s'étaient aperçus, s'étaient regardés, s'étaient détaillés même et toutes ces attentions le troublaient, si elles étaient venues d'une autre personne tout aurait été différent. Qu'avait-elle donc de particulier cette petite vicomtesse ? Et surtout quel était ce sentiment totalement inconnu qui instillait une toute aussi étrange sensation dans son ventre et dans sa poitrine. Était-il en train de changer ? Perdait-il son âme d'enfant, sa vision idéaliste de la vie, celle qui lui faisait penser que toute personne à qui il parlait était son amie et que la retenue n'avait pas lieu d'être entre amis ?

Ce fut alors qu'il venait de s'asseoir sur un banc froid tout à fait à l'ombre pour jouer avec quelques cailloux ronds qu'il venait de trouver à ses pieds qu'il entendit du bruit non loin. Ce bruit était tellement fluet et perdu dans une masse d'autres sons et autres vibrations audibles qu'il aurait pu s'échapper sans même être entendu mais l'expectative dans laquelle il était plongé lui permit de distinguer ce délicat bruissement d'étoffes qui frottent contre la pierre.
Le jeune garçon se leva, sa démarche gracile avait pour objectif de lui éviter d'être repéré par son amie rouquine. Très vite, il fut dans l'obligation de reconnaître qu'il n'allait pas pouvoir être silencieux bien longtemps et qu'il ne pourrait guère l'observer sans être vu à son tour.

Sans se départir de son sourire coutumier, il s'approcha via une allée caillouteuse de petite Volpilhat la tête haute -en réalité, il la regardait.
Une fois arrivé à sa hauteur, un peu hébété, il la détailla très brièvement -car oui, il faut bien faire taire la rumeur qui dit que les garçons ne savent pas admirer sans tomber dans un dérangeant et minutieux examen- et lui adressa quelques mots.

Bonjour vicomtesse ! Je suis bien heureux que tu aies accédé ma demande.

Miguaël demeura debout, tiraillé par différentes envies aussi diverses que l'assommer de questions ou encore de la laisser se présenter. Il ne la connaissait que par les mots de son père et par les regards échangés à la cérémonie d'accueil, rien de plus. Devait-il s'asseoir sans tarder à côté d'elle, devait-il l'aider à se lever -non évitons, elle n'est pas sénile-, devait-il attendre qu'elle se lève et lui faire le baise-main ou un quelconque signe de reconnaissance ?
C'était bel et bien la première fois que le garçon ne parvenait pas à choisir entre différentes options et en restait non pas pétrifié, mais simplement engourdi. Mais quelle étrange sensation !

Messages : 78 Date d'inscription : 25/06/2010

Bonjour vicomtesse ! Je suis bien heureux que tu aies accédé ma demande.

- « Apelle moi Jehanne Elissa.

C’est un joli sourire qu’offre Jehanne Elissa en levant la tête vers son interlocuteur. Un de ces jolis sourires sans fard, simple étirement des commissures des lèvres sans aller trop haut ni trop sur les côtés un sourire simplement accueillant qui vient parer son visage alors baigné du soleil de fin de journée.

Sans un mot elle tapote la pierre du banc à côté d’elle pour qu’il s’y assoit à son tour. Dans le silence de cette fin de journée il y une volupté, volupté d’un soleil gorgé de couleurs chaudes que même les plus jeunes peuvent sentir non pas par la sensualité ou la langueur d'un tel moment mais plus par un sentiment d'aise et de douceur qui s’est emparée d’elle le temps de l’attente. On dit que les couchers de soleil sont des moments bénis, elle ne ferra qu’approuver. Les yeux qui se froncent regardent l’astre aller se coucher, gentiment, après avoir irradié les plaines du vaunage de toute sa force. Rien ne vaut un été en vaunage. Bientôt il lui tarderait que tous les invités soient partis pour qu’elle puisse, seule, entourée de seulement quelques proches triés sur le volet, profiter de ce qu’elle appelle ses vacances ce que d’autres appellent des quartiers d’étés. Mais pour l’heure elle est bien trop contente qu’il y ai tant de monde connu et à connaître chez elle et cette pensée, voir même ce besoin car la vaunage vous prend aux tripes ou vous laisse indifférent, n’a pas encore eu l'indécence se faire sentir alors que le lieu grouille de vie.

- « J’y ai accédé avec plaisir, je me suis montrée tellement impolie à la cérémonie d’accueil.

Le minois se tourne vers le jeune garçon, minois plus détendu car il ne fait plus face au soleil. C’est vrai qu’elle est partie de la cérémonie comme une voleuse mais on avait parlé de soucis à l’extérieur. Puis il y avait eu les duels ou elle avait appris son identité et enfin, cette invitation qu’elle n’avait pu refuser. Pourquoi ? Car bien évidemment il était le fils d’Asdrubael qui sans le savoir, à travers leur échange de lettres était devenu un énième papa de substitution. Il devenait alors évident d’accéder aux requêtes de son enfant. Et puis le jeune Miguael l‘avait intriguée. Étrangement cet inconnu qui se plaisait à faire fi de l’étiquette et à tutoyer tout le monde ne lui semblait pas inconnu. L’effet miroir ? Peut-être, peut-être pas.

- « Ton père m’en veux peut-être je n’ai pas encore répondu à sa précédente lettre alors qu’il se montre si gentil envers moi. Tu as de la chance d’avoir un père pareil.

L’échange prend un ton enfantin, un ton de proximité immédiatement installé par le tutoiement. La petite Jehanne Elissa, non pas la Vicomtesse, ni la Baronne, ni moins la diplomate en herbe ou Secrétaire d’Etat formée par le Vicomte de Tournel dès son plus jeune âge parle de pater familias, chose qu’elle ne connaît point à un jeune homme dont elle aimerait bien partager le sang, juste pour avoir un Père. Ca lui prend parfois cette nostalgie et surtout en vaunage. Si cette terre reste avant tout celle de sa mère par les sentiments elle lui envoie quelques pensées de son père qui la lui a légué avant de disparaître. C’est alors qu’on besoin impérieux fait surface chez la petite Goupil. Brusquement, l’air sérieux elle plante son regard dans celui de Miguael.

- « Tu te plais ici ? »

Petite Goupil, qu’est ce que ça peut te faire qu’il se plaise ici ? Pourquoi ce besoin immédiat, imminent, souverain, de le savoir ? Même toi tu n’en connais pas l’origine, tu es bien trop jeune et naîve pour le soupçonner mais tu sais juste que tu veux savoir.

Messages : 25 Date d'inscription : 30/06/2010

Jehanne Elissa ? Il lui plaisait bien son nom mais hélas il était encore bien trop long pour être prononcé à chaque fois qu'il lui adresserait la parole. Un diminutif serait de rigueur mais... puisqu'elle venait de lui dire de l'appeler ainsi, il n'allait pas en être autrement : question de principe.

Quelques secondes après l'invitation, il se retrouva assis à côté de la jeune vicomtesse, l'action fut effectuée dans un sourire et avec une appréhension tellement étrange et tellement inhabituelle : une sorte de peur de la gaffe, la peur de s'asseoir trop loin et de tomber... Une peur incontrôlée et irrationnelle, une peur bête, une peur inutile : incompréhensible.

En fait, cette gamine parlait autant que lui et aimait à assommer son interlocuteur de questions -oui c'est abusé mais c'est normal- à peu près comme il le faisait. C'était troublant comme elle lui ressemblait. Mêmes couleurs d'yeux et de cheveux, même aménité, même innocence ou naïveté -rayez la mention inutile-...
Elle continuait à parler et Miguaël répondait comme et quand il le pouvait, c'est à dire peu souvent. Les reproches pleuvent, mais c'est ça qu'est bon !

Mon père ne m'a pas parlé de votre échange... Il m'a simplement dit que j'allais chez toi et que tu étais une jeune fille agréable et charmante et qui avait une terre et des aïeux en Bourgogne. Et je confirme ses dires.

Petit moment de flottement chez Miguaël et des yeux qui se fixent dans ceux de J-E (oui c'est trop long) dans le but d'appuyer et d'affirmer ses propos. Car oui, Miguaël était très sincère et aimait à faire connaître sa détermination lorsqu'il déclarait une idée, un fait ou même un sentiment qui lui tenait à cœur.

Soudain Jehanne planta les yeux dans ceux de Miguaël qui, pour le coup, n'avait pas dévié le regard. Après un regard court mais intense et avoir entendu sa question, le garçon balaya des yeux les alentours, regardant autour de lui -autour d'elle en fait, mais c'est un secret- et répondit le regard dans le vide :

Là, je me plais bien... Ici !Ses iris émeraude se posèrent de nouveau dans ceux de la jeune vicomtesse, comme pour marquer là différence entre ce "là bas" et cet "ici". Enfin un truc subtile pour lui faire entendre des machins non moins subtiles....très bien.

Drôle d'attitude pour un garçon qui ne connaissait pas encore les raffinements de l'amour et de la séduction. Lui qui n'était jusqu'à présent qu'un garçon simple et avenant venait très probablement de faire un pas dans l'âge adolescent, celui-là où l'on apprend à se mesurer aux autres et à évaluer ses forces, ses faiblesses et à mesurer la réaction des autres face à toute sorte de situation.
Mais après avoir sorti le grand jeu, il lui fallait poursuivre sur autre chose, continuer avec un semblant de conversation, même des mots factices et une cohérence douteuse suffiraient.

Et toi Jehanne Elissa, es-tu heureuse d'accueillir tant de monde en ce domaine qui parait si paisible ? Cela doit représenter un changement considérable n'est-ce pas ?

Il espérait l'opération réussie, mais en l'état il n'était pas à même de le savoir. La réalité avait cela de moche que la fiction pouvait écarter : on n'était jamais juge et partie.

Messages : 78 Date d'inscription : 25/06/2010

C'est une mine rassurée qui s'offre au jeune garçon lorsqu'il lui affirme être bien en vaunage suivie d'un air interloqué. Il pensait pareil qu'elle! Il pensait au calme salvateur et bienfaiteur du vaunage sur son moral, son besoin de solitude durant une période de l'année! Il l'avait même deviné! Oh cosmos, pour sur, tu es avec ces deux petits nobles. C'est donc surprise et presque aussi excitée que devant un nouveau lapin qu'on lui offre qu'elle sursaute sur son petit banc de pierre.

- « Oui! Oui oui oui!

Rose qui vient à la vitesse de l'éclair teinter les joues de Jehanne Elissa lorsqu'elle s'entend, sa petite voix criarde aux accents d'Oc qui glaipit des "oui oui" que d'autres, surement à l'esprit très très mal placé, pourraient placer sur le compte de cris d'extase. D'autant plus qu'il avait par avant confirmé qu'elle était charmante... Et puis aucune retenue, non décidément elle se tient comme une charretière avec lui. Ou alors complètement naturelle?

- « Enfin... Je veux dire... Tout à fait. Cauvisson et la Vaunage sont des endroits que je pense parfois bénis des dieux. C'est beau, sauvage, calme et paisible. Plus qu'ailleurs j'aime m'y retrouver... Mais tu sais, beaucoup peuvent trouver ça étrange mais j'aime aussi vraiment être entourée, rencontrer du monde et apprendre à connaître, découvrir. En vérité, j'aime bien les gens.

La dernière phrase prend le ton d'un aveu. Avant, plus jeune, alors qu'elle ne sortait que très peu des terres du Gévaudan ou elle a grandit et ou si elle sortait c'était fourrée dans les jupes de tante Pol, elle n'avait pas peur de dire aimer les gens. Ça semblait tout naturel: dans le cocon ou elle a grandit tout le monde aimait tout le monde et il n'y avait aucune raison de ne pas aimer. Mais en sortant, en découvrant le monde, en écoutant les discussions de couloirs, les rumeurs des couturières, en apprenant avec le Vicomte de Tournel la politique, les tenants et aboutissants du pouvoir, elle s'était rendue compte que ne pas aimer les gens semblait bien plus courant que de les aimer. Au départ ça l'avait intriguée et enfin elle avait compris que cette propension à aimer était peut-être un trésor. Un trésor que l'on a avec soi et qui rend la vie plus douce... On l'avait bien évidemment mise en garde: à ne pas avoir peur elle pourra peut-être un jour se brûler les ailes. Mais qu'importe! Jamais, jamais elle ne devrait laisser entrer en elle la méchanceté et l'aigreur qu'elle voyait dans le monde, le vrai.

- « Tu penses que c'est grave de bien aimer les gens? Est-ce que c'est en avançant vers l'âge adulte que l'on n'aime plus? »

Question au ton évasif de la petite Vicomtesse qui est repartie dans son inspection du ciel. Elle est bien là, sacrément bien. Elle aime bien être avec Miguaël et sans même qu'il n'ai parlé elle sait déjà qu'il partage le même trésor qu'elle. C'est au fond si simple d'être jeune... On se complait à être assis sur un banc et à échanger des banalités. Pour la première fois depuis longtemps l'héritière Goupil se sent sereine. Le retour d'Actarius avait été son premier soulagement et là, être simplement assise aux côtés de quelqu'un qui lui ressemble est la consécration de l'éloignement des affaires et de la fin de cette année difficile qu'elle avait eu. Alors pour ne rien rompre de ce moment de félicité elle attend sagement, dans le silence des paroles mais l'exquis brouhaha de la nature, qu'il réponde à sa question.

Messages : 25 Date d'inscription : 30/06/2010

L'étonnement et la surprise nés des interjections et des sautillements frénétiques furent rapidement chassés par un sentiment de douce passion et un amusement tout enfantin. Elle avait l'air passionnée par leur relation tout autant qu'il l'était et bien que cela ne fut guère au centre de ses préoccupations car ce genre de questions ne lui effleuraient pas encore l'esprit, il était heureux que J-E le soit elle aussi. C'est donc par un énième sourire plus appuyé encore que les précédents qu'il répondit au trouble de sa jeune amie. A vrai dire, lui n'était pas très regardant sur l'étiquette ou même sur le langage, tant que celui-ci ne choquait pas ses chastes oreilles. Il jugeait la petite rouquine comme incapable de tenir un mot de travers, peut-être même ne connaissait-elle aucun mot injurieux.

Son objectif était réussi et il avait l'impression que la vicomtesse employait la même technique, à savoir brouiller ou tenter de masquer une avancée par un petit discours incohérent, une manière de détourner l'attention des progrès qu'ils faisaient à deux. Une méthode douce pour avancer sans risquer la chute, il ne s'en rendait d'ailleurs pas vraiment compte tant son jeune esprit était libre de telles considérations. Lui ne voyait qu'une amie, il ne connaissait que peu les jeunes filles et pour lui elles étaient un petit peu comme les garçons, juste qu'elles s'habillaient avec des robes, qu'elles avaient une voix plus douce et qu'elles étaient plus jolies aussi. Mais il leur parlait comme aux enfants de son sexe, avec la même aisance. Nulle barrière n'avait été dressée par l'adolescence, par l'apprentissage des relations amoureuses ou de la séduction.

L'amour des gens... c'était l'idée amusante à propos de laquelle Jehanne Elissa lui demandait de disserter. Son esprit d'enfant aux schémas bien définis et tellement triviaux ne pouvaient qu'approuver un discours visant à défendre l'amour des autres. Lui qui avait été élevé dans les livres d'Aristote et bercé par l'Amitié ne connaissait encore du monde que ce que ceux-ci avaient bien voulu lui enseigner.
Miguaël avait cherché quelques secondes durant à apporter une touche personnelle à sa réponse plutôt que de réciter bêtement les leçons aristotéliciennes, aussi belles et sans défaut qu'elles étaient, il lui fallait aussi faire preuve d'entendement face à la petite Goupil.

Bien aimer les gens devrait être un sentiment universellement partagé comme Aristote et Christos nous l'ont enseigné mais... je crois que les hommes sont faillibles et qu'ils se perdent bien trop vite dans leur orgueil ou leur haine ! Moi j'aime les gens aussi et je crois que l'âge fait perdre une partie de l'amour... ou bien peut-être se concentre t-il et créée t-il des liens plus puissants entre les personnes, par exemple entre les époux ou entre les amants.
J'ai l'impression que l'Amitié ne devient plus un lien par défaut mais qu'il se consolide auprès des personnes qui nous sont chères. Tu en penses quoi toi ?

Tout cela ne l'empêcherait pas, lui, de continuer à aimer tout le monde. C'est beau les rêves de jeunesses.

Messages : 78 Date d'inscription : 25/06/2010

-« Oui… Tu as raison…

Au fil des paroles de Miguaël, d’autres, affirmatives, celles de la Volpilhat répondaient tandis que sa tête rousse allait de haut en bas pour encore plus appuyer son avis. Ils partagent le même trésor et apparemment le même amour du Très-haut. N’était-il pas follement intelligent et bien élevé pour se servir des préceptes Aristotéliciens comme référence dans une discussion si anodine ? Oh si, il l’était. Du moins c’est ce que pense la petite Vicomtesse.

Et il pensait aussi qu’il était dangereux de grandir car cela fait perdre la facilité d’aimer. Et pourquoi d’ailleurs grandir vous rend hermétique à une attitude ouverte aux autres ? Comment se préserver, comment préserver cette faculté ? C’est aux mots près les questions qu’elle s’apprêtait à lui poser, cette discussion lui plaisait, de nouvelles interrogations naissaient et ils allaient y répondre ensemble… Ah comme il est bon de parler de ça, comme il est bon de voir que ça intéresse une autre personne que son Eilinn et elle…

« les époux ou entre les amants »

Asdrubael avait véritablement réussi l’éducation de son fils. Tiens était-ce réellement une histoire d’éducation ? Ou alors c’ »tait une sorte de pouvoir magique avec lequel on naît ? Et…

Epoux… Amants… Rouge.

Rouge. Rouge comme la couleur qui a tant hanté sa mère mais aussi comme celle qui vient parer les joues de la Volpilhat. Lequel d’époux ou d’amant la gêne le plus ? Amant, même si elle ne connaît rien des histoires de graines, de clefs et de serrures et toutes autres forme détournée que l’on emploi pour signifier le primaire et simple coït, elle a une petite idée de comment ça se passe. Petite hein… Elle sait qu’être amant c’est être très proche de quelqu’un, très très proche, très très très proche, tellement proche que ça peut donner ce que l’on nommera bien des siècles plus tard une MST bien spécial : les enfants. Même si les leçons de choses ont été soigneusement évitées par son entourage, si elle en est tellement préservée qu’elle ne sait même pas à quoi ça ressemble « par en bas » elle se doute, au vu du silence qui entoure la chose, que c’est bien gênant. Que c’est peut-être même graveleux et que ça s’apparente dangereusement à la chair, et qui dit chair chez elle dit aussi péché de chair… Et là on retrouve l’époux.

Oui le mot époux la confond aussi terriblement. L’immense regard vert se dirige vers la terre séchée par le soleil d’été et ses pieds viennent à bouger étrangement. Époux… Bon. On l’accorde ça la dérange un peu d'en parler mais paradoxalement jamais le futur d’épousée a été aussi proche : n’est elle pas entrée sur le marché de la pucelle à marier lors des festivités de Bolchen ? Étant donné que ces festivités remontent maintenant assez elle s’est faite à ce statut tout en évitant consciencieusement d’y un peu trop penser. Mais jamais elle n’avait été mise face au Mot, the Mot, face à l’un qu’on a voulu... Oh rouge, rouge, sang quitte donc ses joues!

- « Ton père t’a-t-il parlé du sujet de nos échanges ? »

Ou comment passer du coq à l‘âne. Ou comment trouver réponse à la question qui fait rage sous ses cheveux roux sombre : sait-il ?

Messages : 25 Date d'inscription : 30/06/2010

J-E, ou l'art de sortir une dissertation sur un mot anodin que Miguaël avait employé pour illustrer son propos et sans autre pensée sous entendue. D'ailleurs il ne pensait guère au mariage lui. Son père lui en avait parlé parfois, lui disant qu'il allait lui trouver une belle et bonne épouse mais lui n'y pensait jamais, cette idée ne l'effleurait à vrai dire pas le moins du monde et la seule réponse qu'il avait à donner à ce qui semblait préoccuper énormément son père était un silence et il passait sans tarder à une autre activité bien plus amusante et intéressante.

Sa jeune amie était gentille mais... Dieu qu'elle était étrange ! La voilà qui passait au rouge à la manière d'un coquelicot. Pourvu que ce rouge soit aussi éphémère que la fleur car il n'aimait pas du tout la voir ainsi, outre la gêne qu'elle ressentait et qu'elle lui transmettait, c'était bien trop peu esthétique pour lui plaire. En plus elle n'avait même pas répondu à sa question !
Et voilà qu'elle lançait un autre sujet alors que le précédent restait en suspend. Dieu qu'elle était étrange !
La réponse du jeune garçon ne tarda pas, après une mûre et brève réflexion, il coupa court aux interrogations de la petite rouquine qui lui faisait face :

Euh... non. Je t'ai déjà dit tout ce qu'il m'a rapporté de vos échanges...

Les mots furent prononcés dans un haussement d'épaules. Il ne comprenait vraiment pas ce qu'elle avait, quelle mouche l'avait donc piquée ?
Et, bien évidemment, il était à des lieux de faire un rapprochement entre les mots "époux" et "amants" qu'il avait prononcé, les échanges entre son père et Jehanne Elissa et la raison pour laquelle il avait -qui sait ?- été envoyé là. Tout cela lui passait largement au dessus de la tête et tout comme les questions de mariage ne l'intéressaient pas, celle qui se posait dans la tête de sa rouquemoute de compagne de banc ne lui effleurait même pas l'esprit : rien de rien, nada.
Jehanne Elissa n'était pour lui qu'une amie qu'il appréciait même s'il sentait pour elle un sentiment particulier qui lui était totalement étranger, duquel il ne connaissait rien et qu'il ne cherchait pas encore à comprendre tant il était occupé à bavarder et à ne se soucier que des activités de son âge -c'est à dire tout sauf la drague m'sieurs dames.

Mais tout de même, Dieu qu'elle était étrange ! Et avec toute la franchise qu'on lui connaît, il était dans l'obligation de faire une remarque à ce sujet. Tout juste embarrassé par sa contagion émotionnelle naturelle et par conséquent l'embarras que lui transmettait la Goupil, il lui lança bien franchement, un air jovial toujours accroché au visage :

Tu vas bien ? je... j'ai l'impression que tu es étrange tout à coup. Tu veux qu'on marche ?

Alors voilà, il ne connaissait pas beaucoup de filles hormis les amies de son père, ses sœurs, sa Marraine et les servantes -juste Eilinn et Jehanne Elissa- mais il venait de comprendre pourquoi on lui disait si souvent qu'elles n'étaient pas comme lui.
Drôle de sentiment, celle-là semblait l'avoir changé un peu, lui avoir ôté ou ajouté quelque chose -chacun son avis- mais il existait bien un fait qu'elle ne pouvait lui retirer : il était toujours si heureux d'être là et le montrait, pas démonté du tout par l'attitude étrange de la vicomtesse.

Messages : 78 Date d'inscription : 25/06/2010

- « Oui, oui, marchons.

Alors ainsi il ne savait rien… Et elle venait de se faire avoir, l’arroseur arrosé, la reine de la gaffe, on appelle Jehanne Elissa de Volpilhat ! S’il ne savait rien son attitude étrange allait surement éveiller des soupçons chez Miguaël auxquels il voudrait certainement des réponses… Et allait donc s’ensuivre une situation affreusement gênante.

Quoique, la situation n’aurait-elle pas été tout autant gênante s’il avat su que son père s’était renseigné sur sa main ? Marchant aux côtés du jeune homme elle laisse filer un soupir entre ses lèvres carmin. Et voila il faut que les soucis de grands viennent une fois de plus gâcher un moment, modifier des relations. Le regard vert se pose sur le visage de Miguaël. Elle l’aime bien, il est gentil, et drôle, et bien élevé et joyeux ! Veut-elle vraiment mettre un écran de soucis d’adultes entre elle et lui ? Pourraient-ils se revoir dans une bienheureuse et simple joie similaire s’il savait ? Bien sur que non et de toute manière petite Goupil lorsque tu le reverras tes hormones seront certainement en ébullition et les siennes aussi et les rapports seront donc, dans tous les cas, différents. Mais ça tu ne t’en doutes pas encore une seconde de l’étrange ramdam que provoquent les hormones…

- « J’ai eu… Chaud. Allons à l’ombre !

Elle prend devant et lui fait signe de la suivre sous un pin ayant réussi par on ne sait quel miracle de la nature à pousser dans le coin. Elle s’assoit alors dans l’herbe contre le tronc et continue de regarder en silence autour d’elle. Cauvisson, Cauvisson et ses jardins. Aurait-elle pu prédire l’été suivant qu’elle serait assise ici et dans une si embarrassante situation ? Comme le temps passe vite et amène avec lui, pour chaque saison, des préoccupations différentes…

- « L’ont m’a dit que ma mère venait bercer mon frère ici les soirs d’été comme aujourd’hui…

… C’est pour ça que je m’y sens bien. Je me sens bien dans chaque endroit ou l’on me dit que ma mère est passée, ma mère est une sainte tu sais, aurait-elle voulu dire. Mais ces mots restent coincés dans sa gorge, confidence trop intime, trop douce et douloureuse à la fois qu’elle ne peut confier qu’à Eilinn. Et puis peut-elle se permettre de lui faire des confidences maintenant qu'elle a brisé la félicité des instants précédents? Il faut qu’elle ne parle ! Elle ne peut pas rester ainsi ! Un nouveau soupir incontrôlable qui doit bien malheureusement mettre la puce à l’oreille de Miguaël. Comme elle déteste cette situation! Voila que des projets maritaux viennent tout simplement gâcher une relation qui commençait si bien. Comme elle déteste ça ! Si seulement au fond elle ne l’avait jamais rencontré, ou si elle avait déjà été promise, ou s'il s'était avéré être un méchant garçon, ou tout autre chose qui leur aurait permis de faire évoluer librement, simplement, naturellement leur relation. Elle le sent maintenant: leur amitié ne sera plus jamais la même et à jamais, dans ce jardin de Cauvisson quelque chose à changé. Enfin il n’y avait qu’elle qui s’était soudainement braquée et quand les deux personnes ne vont pas dans le même sens, quand l’une devient empotée alors que l’autre est toujours égal à lui-même, quand il y a un secret la route n’est pas douce ni favorable pour une belle amitié. Ne pas mentir, ne pas cacher, ne pas dissimuler, rester entière, rester soi-même... Le lui dire, tout simplement.

- « Dans nos échanges ton père m’a beaucoup de parlé de Bourgogne, de ma mère mais aussi d’avenir. Nous sommes en âge ou les choses changent et ou il faut prendre des décisions. Il faut… Devenir adulte. Et quand on est noble devenir adulte semble bien plus contraignant que lorsqu’on n’a ni nom ni terres. »

Allez vas-y Jehanne, rame!

Messages : 25 Date d'inscription : 30/06/2010

Assis sur la pelouse, dans l'ombre protectrice d'un grand pin, ses pensées vaquaient vers d'autres horizons... dans lesquels -bien évidemment ! - on aurait pu retrouver sa jeune amie qui l'intriguait toujours tant. Entre comportement étrange, soupirs et sous entendus dont l'explicité aurait pu faire rougir l'habituelle franchise de Miguaël, Jehanne Elissa semblait se perdre dans la spirale sans fin -un peu comme une vis sans fin- de l'embarras. Quoiqu'il en soit, prétendre qu'il ne comprenait pas ce qu'elle exprimait aurait été un mensonge et à l'aune de son aversion pour l'art de Pinocchio -quelle référence culturelle ! - il ne pouvait se le permettre.
Pourtant, il ne pouvait se résoudre à répondre tout de go aux problèmes soulevés par la vicomtesse. C'était donc dans un tiraillement des plus herculéens qu'il réfléchissait à la manière dont il pourrait se tirer de cette impasse et pour dissimuler cette réflexion qui lui était des plus étrangères qu'il regardait successivement l'horizon, les brins d'herbe qui le séparait de sa jeune amie ou même encore cette dernière.
Sa toute simple aménité n'allait malgré tout pas vaciller. Il posa la dextre sur l'avant bras de la Goupil sur un ton d'excuse, lui répondit :

Il m'a bien averti qu'il allait me chercher un parti mais...Nulle hésitation là, juste le temps d'attente nécessaire pour ne pas assener plusieurs vérités trop assommantes d'un coup.il ne m'en a que peu reparlé. Je connais en filigrane les difficultés des nobles en âge et... j'avoue que je ne me préoccupe que peu de cela.

Opération vérité terminée. Miguaël avait parlé sans fard, dit ce qu'il pensait. Il espérait à présent simplement que l'opération soit couronnée de succès et pourtant il n'avait guère d'espoir que cela eut pu calmer le vent de panique qui soufflait sur eux et -à dire vrai- plus particulièrement sur Jehanne Elissa. Il était donc impératif de trouver une technique efficace pour faire oublier cet ersatz d'incident diplomatique -clairement il n'en était pas, mais comment caractériser autrement cet épisode ?
Parler de Cauvisson aurait-il été salvateur ? évoquer la jeunesse dorée qui vivait en ces murs ? Railler le comportement de roturiers qui emportaient certains ou bien la vanité exacerbée de certaines ? Finalement ce fut un sujet bien plus consensuel qu'il choisit.

Crois-tu que ces quartiers d'été éviteront aux futurs nobles de se livrer des guerres d'ego inutiles ou bien de se vautrer dans des flots d'insultes stériles et qui donnent une si mauvaise image de notre ordre aux roturiers ?

C'était banal, c'était passe partout l'habituelle critique de la noblesse qui n'était que la seule cause de sa déchéance. Bien que Miguaël n'y croyait pas vraiment, la question ouverte lui permettrait de comprendre les engagements de la jeune Volpilhat, enfin... peut-être.

Messages : 78 Date d'inscription : 25/06/2010

Crois-tu que ces quartiers d'été éviteront aux futurs nobles de se livrer des guerres d'ego inutiles ou bien de se vautrer dans des flots d'insultes stériles et qui donnent une si mauvaise image de notre ordre aux roturiers ?

Elle sourit, un de ces sourires mi-figue mi-raisin, un de ces sourires contrits, de l'un que l'on donne alors qu'on s'y attendait le moins, de l'un que l'on donne pour dire merci. Il avait compris son embarras, il l'avait vu, l'avait senti et changé de sujet. Ainsi, ainsi, il ne souhaitait pas s'étendre plus. Ainsi allaient-ils pouvoir tirer un trait sur cet épisode gênant du début de leur histoire?

- « J’espère, j’espère bien. Si Eilinn et moi les avons organisées c’est bien pour cela : que tous se connaissent, que des liens se créent et que plus tard, lorsque nous serons adultes, dans des situations compliquées les gens repensent à ce bon moment. Peut-être que ça adoucira les meurs…

Elle s’arrête de parler et… Rit. De son rire qui donne envie de l’étriper.

- « C’est joli n’est-ce pas? C'est un de mes rêves. Il paraît qu’il ne faut pas trop rêver ; les gens qui disent ça sont ennuyants.

En parlant elle s’était détendue. Ses courtes jambes s’étaient étendues devant elle et ses mains avaient cessé de se triturer. Et à nouveau, elle papillonne. Pourquoi s’être fait autant de mal avec cet aveu ? Pourquoi alors qu’ils étaient si jeunes, si simples pour pouvoir oublier rapidement ? L’ont dit que chaque âge a ses problèmes : les problèmes de Jehanne Elissa eux sont toujours imminents, omniprésents, obsédants dans l’instant et disparaissent dès qu’on lui en donne l’occasion. Toutefois ne nous leurrons pas et on le dit ça aussi ; qu’elle est trop entière, trop pure pour cacher. Alors c’est dans un grand sourire qu’elle se tourne vers Miguaël.

- « Je m’excuse pour tout à l’heure… Tu as compris n’est-ce pas ? Oh c’est tellement embarrassant ! Mais… Je ne voulais pas le cacher. Tu comprends ? »