[RP] Manigances enfantines (ou pas)

Admin Messages : 120 Date d'inscription : 25/06/2010

[Quelques jours plus tôt]

Eilinn tenait en main l'invitation aux noces d'Aléanore Jagellon Altérac. La nouvelle la réjouissait, malgré que la condition récente de la jeune femme l'inquiétait encore. Enfin cela serait jour de fête, il lui faudrait revêtir une belle houppelande pour faire honneur à la mariée, toujours à la pointe de la mode parisienne. Ce projet lui changeait à merveille les idées, et elle avait l'occasion d'aller à Paris pour un projet personnel. Elle mettrait ainsi ce voyage à profit pour tenter de trouver quelques tenues des plus admirables.

[Ce jour, après la fin des festivités, alors que d'autres sont partis ou bien restés]

Quelques informations collectées ici et là lui avaient appris que des joutes seraient organisées pour les noces d'Aléanore. Elle y avait déjà assisté en tant que spectatrice, et grande était l'envie de passer de l'autre côté de la barrière. Mais... Mais sa future ordination, et son statut d'ambassadeur apostolique l'empêchaient de pouvoir réaliser ce souhait. Tout comme le fait qu'elle n'y connaissait rien, et qu'elle n'avait pas vraiment la puissance d'un chevalier aguerri. A vrai dire, elle faisait au mieux peur à quelques fourmis du castel de Cauvisson, voire des sauterelles, les jours de chance. De surcroit, le nom du héraut responsable des joutes l'avait plongé dans un scepticisme certain. Peut-être pourrait-elle trouver un moyen de jouter, sans que cela ne lui nuise ?

Mais Eilinn, malgré tout son caractère aimable et serein, était du genre entêtée. Et quand elle avait une idée en tête, il était difficile pour elle de penser à autre chose. Ainsi, les heures passant, l'idée d'un plan lui vint. Cela nécessiterait de la préparation, de l'entrainement, et la complicité de personnes dont elle ne savait pas si cela était bel et bon.

La comtesse de Saint Just faisait partie de cette catégorie, mais Eilinn, comptant sur sa bonne étoile, décida de tenter sa chance. Les domestiques lui indiquèrent que la Comtesse se promenait présentement dans les jardins, et la jeune Melani s'en fut la rejoindre.
Le soleil était haut dans le ciel, mais la température restait supportable pour la jeune fille, vêtue d'une cotte de tissu léger. Elle finit par aviser la Saint Just, et s'approcha, réunissant tout son courage.

Le bonjour comtesse, pourrais-je vous dire quelques mots ?

Messages : 10 Date d'inscription : 29/06/2010

L'on ne pouvait pas dire que le chaperon avait brillé par sa présence aux festivités de Cauvisson. Il fallait être réaliste, elle n'était venue que pour rompre avec la monotonie de sa convalescence angoumoise car pour sûr, s'il y avait une catégorie de personnes dont la Saint Just ne prisait guère la compagnie, c'était bien les enfants. Quoique fort heureusement la majeure partie de ceux qui s'étaient déplacés furent presque adultes et non d'espèces d'infâmes vermisseaux en bas-âge.
Trainant ses guêtres dans les jardins du domaine de Cauvisson, Agnès tardait à se résoudre à retourner chercher ses gens à Angoulême et surtout à affronter le courroux de ses médicastres. Et pire, attendre. Attendre qu'ils daignent annoncer que sa santé lui permettait enfin de quitter Angoulême, quand bien même elle avait déjà outrepassé largement leurs ordres.

Au fond, une vraie gamine, la Saint Just. Des responsabilités d'adulte, des décisions à prendre la tête froide et bien ancrée sur les épaules et soudain, jaillissant des tréfonds d'un sérieux tenu d'une poigne de fer, l'envie irrépressible de se laisser aller des bêtises plus ou moins enfantines, d'échapper au carcan de la raison, de laisser une douce folie lui dicter quelque idiotie parfaitement incontrôlable.

D'ailleurs l'une d'elles semblait se profiler à l'horizon, mais ça la Saint Just ne le savait pas encore. Ce fut donc un sourire aimable qui accueillit la demande de la jeune Melani.

Salutations Eilinn. Je vous écoute. De quoi voulez vous m'entretenir ?

Admin Messages : 120 Date d'inscription : 25/06/2010

J'aimerais vous entretenir d'un projet que j'ai, et ou je nécessiterais vos conseils avisés...

Bon, fallait se jeter à l'eau avant de vouloir faire demi-tour et oublier toute folie. Et ensuite ? Y aller de façon détournée, ou bien droit au but ? Eilinn n'aimait pas manipuler les gens, n'aimait pas les amener à prendre une décision parce que la gamine aurait su avec quelques formulations bien trouvés les persuader qu'ils agissaient bien. Alors le plus souvent, elle exposait les choses simplement, et préférait essuyer un refus plutôt que de se reprocher un comportement qu'elle ne jugeait pas aristotélicien. Certes, la jeune Melani usait parfois de subterfuges pour arriver à ses fins, mais elle se sentait bien mieux à être sincère.

Voyez-vous, Aléanore Altérac se marie bientôt, et j'ai ouï dire qu'elle organisait des joutes... Je vous avouerai que mon envie est grande d'y participer, ma mère arbitrait ce genre d'évènements, et j'y assistais avec beaucoup de plaisir. Et aujourd'hui, j'aimerai bien savoir ce que l'on ressent, lorsqu'on joute...

Elle se laissa un instant pour exposer le problème.

Mais je dois prononcer des vœux mineurs auprès de l'ordre cistercien prochainement...
Vous êtes héraut, pourriez-vous me dire si je pourrais jouter malgré cela ? Et malgré le fait que je ne sois pas encore tout à fait majeure ?

Et dernier problème...

De plus, j'ai ouï dire que le héraut responsable des joutes était le héraut champenois, et je sais qu'elle n'était guère amie avec ma mère, et qu'il y a peu de chances qu'elle intercède en ma faveur, ainsi vos conseils seraient vraiment les bienvenus...

Et non, elle n'allait pas avouer qu'elle espérait aussi secrètement mettre une raclée au suzerain d'Aléanore, pour se soulager de ces sentiments agressifs qu'elle ressentait vis à vis du comte de Scye.

Messages : 10 Date d'inscription : 29/06/2010

Sourcil surpris qui se hausse lorsque la jeune fille reprend la parole. Sourire discret que l'on tente de masquer à l'envie somme toute légitime de ressentir le frisson des joutes. Front qui se plisse lorsqu'Eilinn semble sérieusement sous-entendre qu'elle compte participer à ses joutes. Main qui file triturer la fine cicatrice qui ourle le visage de la Comtesse, signe d'une intense réflexion.

Bon sang, qu'allait-t-elle bien pouvoir lui répondre ? Pourquoi ce genre de truc tombait toujours irrémédiablement sur elle. Et dire que cette gamine attendait d'elle une réponse adulte qu'elle refuserait d'entendre. Si la jeune Eilinn était du même bois que sa mère, au diable les bons conseils pleins de raisons, elle n'en ferai qu'à sa tête. Ne valait-il mieux pas l'aider dans son entreprise plutôt que de lui interdire pour qu'elle ne le brave que mieux ?

Muette prière au Très Hauct. "Préservez moi d'avoir à élever des enfants, j'vous en supplie." Puis un soupir tenu avant de répondre aux interrogations du petit bout de femme en devenir qui levait ses grands yeux bleus sur elle. La pression.

Je comprends tout à fait votre désir de connaitre ce que l'on ressent lorsque du bout de la lice, lorsque l'étreinte se resserre sur sa monture, sur la garde de la lance à l'instant où l'on s'élance face à son adversaire. Je ne vous comprends que trop...

Elle avait mis un peu trop de passion dans cette tirade, elle le savait, mais comment décrire ce frisson qui dévalait l'échine, cette poussée d'adrénaline autrement qu'avec passion ?

Toutefois... D'une part, le fait que vous ne soyez pas encore majeure pose effectivement problème.
Sans compter que je pense pas vous apprendre qu'un clerc ne doit pas porter les armes. Je ne sais ce qu'impliquent les voeux mineurs, n'étant pas très aux faits du fonctionnement de ce genre de choses, mais je doute que cela soit compatible avec une participation à des joutes.

Etait-ce déjà de la déception qu'elle lisait dans ces azurs qui luisaient encore d'un éclat si pur ? Pouvait -t-on décemment décevoir une jeune fille qui voulait goûter aux joutes ? Agnès avait mis un point d'honneur une fois veuve à ne plus rien s'interdire et elle en ressentait une indicible impression de liberté mâtiné toutefois d'un constant sentiment de culpabilité. Dernière hésitation avant de lâcher dans un souffle

Vous participerez de toutes façons à ses joutes si l'occasion vous en est donnée, n'est-ce pas ? Avez-vous bien conscience que parfois des accidents mortels surviennent durant les duels ?
Tout ce que je pourrai vous dire pour vous en dissuader n'aura aucun effet, je le crains et le sens. Ai-je tort ?

Admin Messages : 120 Date d'inscription : 25/06/2010

Oh oui, il y avait bien quelque chose de puissant à l'œuvre lors de cet exercice physique, cet affrontement violent. Il n'y avait qu'à écouter la voix de la comtesse Saint Just pour s'en assurer. La jeune Eilinn redoutait cette violence, tout en exerçant sur elle une certaine fascination. Son estomac se nouait lorsque les lances s'abaissait, et elle ne pouvait s'empêcher de sursauter lorsque celles-ci se brisaient, et que le perdant tombait à terre.

Il est vrai que j'ai déjà fait une allégeance à l'Eglise qui m'interdit de porter des armes, et ces voeux mineurs me laissent aussi une certaine liberté, puisque je ne prendrai pas le voile et que je pourrai toujours me marier par exemple...

Comme un peu tout ce que voulait faire la jeune fille, c'était à la limite entre ce qui était autorisé ou non. Elle jouait beaucoup les funambules en ce moment, et profitait surement trop de la bienveillance des adultes autour d'elle. Ainsi les paroles d'Agnès laissaient naitre l'espoir chez la jeune fille, car elle ne lui opposait pas un refus catégorique, même si elle ne lui accordait pas de bénédiction non plus pour son projet. Mais Eilinn ne pouvait pas s'adresser à son beau-père, Jehanne Elissa n'avait jamais jouté, et demander à une femme ayant déjà accompli ce genre de choses lui semblait plus logique. Agnès avait ainsi pour Eilinn une sorte d'aura épique et sauvage, le genre de femme qui ne reculait devant rien, et qui allait au bout de ses ambitions. Elle était donc la personne idéale à qui s'adresser.

Comtesse... Longtemps les médecins ont dit à ma mère que ma vie serait courte et douloureuse, du fait d'une faiblesse à la poitrine qui me vient de ma naissance. Pourtant, je suis ici, et je n'ai plus mal. L'air languedocien a été mon remède, en plus des soins quotidiens que j'ai encore à faire. Ainsi j'espère un jour pouvoir vivre dans les terres du nord de la France sans craindre de retomber malade.

Alors je veux profiter de cet état de grâce qui est le mien... J'ai longtemps pensé que si je n'étais plus malade, je ferai tout pour préserver ma santé, mais je ressens plutôt l'excès inverse, à vouloir profiter de cette liberté qui est mienne avant de porter la couronne de ma mère, ou que la maladie me rattrape.

De cela elle n'en parlait à personne, si ce n'était Jehanne Elissa... Que dirait d'ailleurs sa vicomtesse en sachant que son amie comptait monter sur un cheval pour affronter des brutes sanguinaires ? Eilinn devait tenter le tout pour le tout, et il y avait de la détermination dans son regard.

Je comprend les risques, et je les accepte. Mais sans votre aide, je ne pourrai rien faire... Accepteriez-vous d'être mon mentor ?

Il y avait une certaine gravité dans ces derniers mots, comme si elle accomplissait un rituel millénaire, un aboutissement logique à une longue réflexion, un engagement qui la menerait à un peu plus parcourir la voie la menant à l'age adulte. C'était aussi une responsabilité certaine pour la Saint Just si elle acceptait, de voir si son enseignement pouvait réussir, ou bien mener la jeune Melani à sa perte. On était désormais loin du caprice enfantin, alors que deux destins que rien ne prédestinait au départ à se rencontrer s'apprêtaient à s'entrelacer.

Messages : 10 Date d'inscription : 29/06/2010

Palsambleu ! Elle avait espéré un fugace instant que l'enfant soit moins téméraire qu'elle ne l'escomptait. Mais bon sang ne saurait mentir, pas plus qu'oublier que la route vers la condition d'adulte était pavée de bravades d'interdit, de défis saugrenus lancés à soi-même, de cette irrépressible envie de repousser ses propres barrières. La Saint Just plonge un instant regard empreint d'une certaine douleur dans celui de la jeune Melani. Azurs assombris par le poids de la vie, ses douleurs et ses fugaces instants de bonheur, insaisissables, contre azurs à l'éclat encore pur mais dont le voile dont ils se parent ne trompe pas. Bientôt Eilinn souffrira les tourments adultes, en sus de ceux de la maladie, trop longtemps la préserver ne lui sera d'aucune utilité.

Le monde, sorti du cocon protecteur de l'enfance, est d'une banale et cruelle violence. Dès lors si l'adulte en devenir voulait l'affronter d'elle-même, était-t-elle en droit, elle, la femme-éternelle enfant qui ne se laissait dompter par rien ni personne de lui refuser son aide. Encore un instant de silence, passé à songer que si Leah les regardait, elle devait à l'instant maudire sa foutue carcasse d'artésienne. Mince sourire à cette pensée. "Les absents ont toujours tort, mon cher Cerbère, et c'est un peu à cause de toi et de l'aura que tu continues de projeter sur ta fille qu'on en est là."

Vous acceptez l'idée que si la chose venait à être connue, vous seriez peut-être exclue d'une carrière ecclésiastique, que vous pourriez être mortellement blessée, que votre beau-père serait en droit de sévèrement vous tancer ?

Un regard austère à Eilinn, comme pour encore un instant jauger de son courage.

Si tout cela vous importe peu, je vous initierai donc au noble art de la joute et vous aiderai tant que faire ce peut à ce que vous puissiez participer aux joutes maritales de la Jagellon Alterac.
Le chemin pour arriver à ses fins est d'autant plus âpre que la récompense qui est offerte est convoitée, ça aussi vous devrez l'accepter. Tout comme à aucun moment vous ne devrez vous vanter de mon aide. Je ne tiens absolument pas à affronter le courroux de votre beau-père...

Ainsi donc la salamandre apprendra de la salamandre. Rien qui ne rompe un cycle somme toute naturel en fait. Destin farceur...

Admin Messages : 120 Date d'inscription : 25/06/2010

La jeune Melani fit alors une réponse étrangement paradoxale.

Cela m'importe, détrompez-vous. Je serais bien légère si ce n'était pas le cas ! Mais... je voudrais être de ceux qui disent à la fin de leur existence : "j'ai vécu".

Et la jeune fille de repenser à son beau-père, et elle eut un sourire amusé.

Et parbleu, si je devais suivre les préceptes de mon beau-père, je vivrai dans un château fait de laine et de coton, en espérant donner une progéniture à mon futur époux tout en jouant les femmes dévouées et soumises. Il m'a déjà tancé par le passé, il le fera à nouveau je pense, puisque je ne veux pas de ce genre d'existence.

Ah les ados...

Je ne doute pas pour autant de son amour pour moi, tout comme je sais que l'Église pourra vouloir me faire payer mes actes. Je n'ai jamais pris mes engagements à la légère, malgré mon jeune âge, mais je veux faire mes propres choix. Tracer ma propre voie.
Mais vous avez ma parole, je tairai votre complicité.

Et dans les yeux de la jeune fille, on pouvait y lire du soulagement, et aussi l'excitation d'une nouvelle aventure en perspective.

Par quoi commencerons-nous ?

Messages : 10 Date d'inscription : 29/06/2010

Agnès ne put retenir un éclat de malice dans son regard lorsque Eilinn fit mention des préceptes de Rhân. Tout à fait le genre d'idées qui traversait l'esprit de certains mâles et qui faisait que la Saint Just, malgré son jeune âge, malgré la quantité de fiefs qui faisait d'elle un fort bon parti, malgré l'assurance qu'elle était à même de donner descendance à quelque noble héritier, se refusait obstinément de songer à nouveau à une union.

Petit pincement au coeur, la jeune Melani avait réussi là où peu réussissait, elle avait touché la Saint Just en parlant de faire ses choix, tracer sa voix, avec cet air incroyablement résolu de ceux qui refusent de douter pour ne pas soudainement rebrousser chemin.

"Par quoi commençons-nous ?" Par vivre assurément.

Nous avons peu de temps avant les joutes maritales, il est indispensable que vous soyez déjà bonne cavalière. Ensuite, il nous faudra vous trouver harnois à votre taille. Il faut apprendre à tenir en selle en supportant le poids de l'armure et pour cela je ne connais meilleur exercice que la quintaine.

A dire vrai, l'excitation gagnait aussi Agnès. La jeune femme n'avait jamais pu se défaire d'un goût certain pour les jeux violents, les pratiquer calmait pour un temps la fougue de la jeune femme, apaisait les flots de rage sourde que parfois elle sentait courir sous sa peau. La quintaine avait été un rituel immuable durant ses mandats de régnantes en Béarn, exutoire providentiel à un exercice du pouvoir qui s'était avéré une véritable guerre des nerfs.

Allons, mettons nous à la recherche d'une monture taillée pour les joutes et pour vous, d'où moins quelques pièces de harnois et surtout s'il n'existe pas déjà de quintaine à Cauvisson de demander à ce que l'on nous en monte une.

Admin Messages : 120 Date d'inscription : 25/06/2010

Je sais déjà monter à cheval, cela faisait partie de l'enseignement obligatoire donnée par ma mère nous dirons...

La comtesse et la jeune fille partirent donc en quête des différents éléments nécessaires à la réalisation de leur projet. Un cheval, cela fut la partie la plus aisée, la vicomté ayant quelques chevaux dans les écuries.

Le harnois exigea plus de temps, la jeune Melani n'étant pas d'un gabarit commun. Les domestiques finirent par faire un assemblage de bric et de broc, dépeçant plusieurs armures pour que la jeune fille soit au final recouvertes de pièces d'armures disparates, ce qui se révélait assez comique pour ceux qui regardaient le tout.

Hmppfff, c'est lourd tout ça !

La gnome trouvait cette armure bien encombrante et avait l'impression d'être une quelconque volaille dans un four. Mais il fallait perséverer, et se montrer à la hauteur de l'aide de la Saint Just.
Une vieille quintaine fut finalement retrouvée, datant d'un temps certain, et les domestiques, dont certains attendaient de voir la performance de la jeune fille avec un amusement non dissimulé, dressèrent un semblant de lice dans un coin du château propice à ce genre d'exercice.

On monta la demoiselle sur le cheval, une lance, et hop, en avant. Eilinn trouvait d'ailleurs la-dite lance diablement lourde, et se demandait comment elle allait réussir à faire tout cela. Certes elle se couvrirait de ridicule les premiers moments, mais personne ne gagnait du premier coup.

Bon, la quintaine, elle en connaissait la théorie, on baisse la lance, on vise et on tente d'esquiver la boule de métal qui fonce droit sur le cavalier. Ici la boule avait été ôté, débutante oblige, le chef des gardes ne voulant pas jouer les médicastres pour la jeune dame de compagnie.

Première passe.

Eperonnage du cheval, qui se mit au galop. La jeune fille ne toucha même pas la cible, tentant de se concentrer à la fois sur le cheval, la lance, la quintaine, le poids de l'armure. Comment allait-elle s'en sortir ?

L'entrainement promettait d'être long... Elle amena son cheval près de la Comtesse, espérant un conseil lumineux.

Vous avez une astuce pour éviter que je ne pense à tout en même temps ?

Messages : 10 Date d'inscription : 29/06/2010

Les éléments indispensables aux prémices d'un apprentissage avaient été réuni. Effectivement la jeune Melani s'avérait être bonne cavalière ce qui permettait adoncques de se concentrer sur le reste. Agnès s'était elle-même dégottée une monture propre aux joutes et avait observé d'un regard amusé la première passe de sa jeune apprentie. La lance était bien évidemment tenue trop basse, l'attention bien trop portée sur la direction du cheval et sur la cible.

A la question de la jeune, un instant de réflexion avant de lui répondre. C'était bien la première fois que la Saint Just devait enseigner quelque chose, des gestes répétés tant de fois qui lui semblaient si naturels, à quelqu'un.

Vous ne devez penser qu'à tenir la lance fermement de façon à toucher et à ne pas vous laisser désarçonner et entraîner par le poids du harnois.
Durant un duel, il faut savoir que votre heaume à visière réduira votre visibilité à moins de deux toises. Vous sentirez votre lance se briser ou celle de votre adversaire se fracasser sur votre plastron avant même de voir votre adversaire et vous n'aurez donc pas l'occasion de viser. C'est votre monture qui sera votre guide, elle-même guidée par la lice.
Dès lors, faites confiance à votre monture et ne vous occupez pas de la mener. Ne cherchez pas à viser, l'important est de toucher, et le cas échéant que l'impact ne vous fasse pas vider les étriers.

Pour appuyer sa démonstration, Agnès se fit apporter une lance et fit reculer de quelques pas sa monture et la pointa sur le plastron d'Eilinn, appuyant doucement d'abord et raffermissant peu à peu la pression qu'elle exerçait, poussait la lance sur la poitrine de la jeune fille tentant de la déséquilibrer.

Et la poussée que j'exerce actuellement n'est sans commune mesure avec la violence de l'impact des lances lorsque les chevaux sont lancés au galop. Vous le comprendrez lorsque nous rajouterons le contrepoids à la quintaine. Pour l'heure, contentez vous de vous habituer à tenir la lance. N'oubliez pas, votre monture sait où elle va, la cible, vous ne la voyez pas.

Elle abaissa sa lance et d'un petit signe de tête, intima à son vis à vis de tenter une nouvelle passe.

Admin Messages : 120 Date d'inscription : 25/06/2010

La jeune Eilinn pria le Très Haut de ne jamais se faire éjecter de cheval par la force d'une lance, son estomac s'étant noué lorsque la Comtesse avait fait pression sur son plastron avec sa lance. C'était follement divertissant à regarder d'une tribune, mais quand on se retrouvait sur le cheval, bizarrement c'était beaucoup plus angoissant. Elle réfléchit aux paroles de la Comtesse, car oui, Eilinn était disciplinée à ses heures pourvu qu'on lui enseigne quelque chose d'intéressant.

Ce serait un subtil jeu de jambes à vrai dire, pour que le cheval garde la direction donné. Elle tenta de visualiser comment porter la lance pour qu'elle vise la quintaine correctement, et repartit pour un tour.

Nouvel échec.

La hauteur était bonne, mais Eilinn ne visait pas encore correctement la quintaine. Eilinn décida de repartir aussi sec à l'attaque et fit faire le tour à son cheval de la lice improvisé

Trop à gauche, la lance manqua rester coincée, à croire qu'Eilinn ne voulait pas faire de mal à cette pauvre quintaine. Un soupir, et la gamine, têtue à sa façon, décida de retenter à nouveau sa chance. La quatrième passe fut finalement la bonne, la lance percuta enfin la quintaine, qui tourna sur elle-même. Cela manquait encore de force, mais les bases semblaient là.

Enfin ce n'était que le début, qu'en serait-il avec un heaume sur le crane, une armure encore plus lourde, et un véritable jouteur en face ?

Il allait en falloir des tours pour arriver à un résultat correct... mais cela la changeait du trivium et du quadrivium. La jeune fille se tourna vers son instructeur.

Comtesse, accepteriez-vous de me montrer comment vous faites ? Peut-être cela me permettra-t-il de mieux visualiser tout cela !

Messages : 10 Date d'inscription : 29/06/2010

La Comtesse observait d'un regard tout à fait sérieux les divers essais de sa jeune apprentie. Elle aimait sa ténacité, le petit front buté qui se devinait à chaque passe manquée et à chaque nouveau tour pour repartir à l'assaut du faquin de quintaine. Elle esquissa un fin sourire lorsqu'enfin Eilinn parvint à toucher l'écu, maladroitement certes, mais elle avait touché. C'est ce qui importait. Il fallait bien que l'effort soit à un moment couronné de succès.

D'un hochement discret du chef, elle fit part de son approbation à la jeune fille qui était venue la rejoindre au terme de sa quatrième passe et à sa demande répondit un large sourire.

Bien sûr ! Je voulais que vous viviez d'abord l'expérience par vous-même, sans exemple à partir duquel fonder votre première impression et ce afin qu'il n'ait pas d'influence sur votre propre capacité à réussir. Mais à présent que vous avez touché votre première cible, il convient effectivement d'affiner votre technique.

Agnès demanda à ce qu'on lui apporte une lance et avant de se placer avec sa monture au bout du terrain qui leur servait de lice, elle ajouta à l'attention d'Eilinn.

Je ferait plusieurs passes sans la masse d'armes, puis je demanderai à ce qu'on ajoute en guise de masse d'arme, un sac de cuir lesté de sable, cela conviendra mieux pour cet apprentissage. Je vous conseille de vous placer à hauteur de la quintaine, de là vous aurez le meilleur angle d'observation. Je ferais l'exercice sans harnois, ainsi il vous sera plus aisé de noter la position qu'il convient d'avoir pour réussir à toucher.

Premières passes.
Lance pointée vers le ciel tenue dans sa main droite, Agnès se concentrait, les yeux plissés sur la quintaine. Puis elle baissa la lance à la verticale, formant une légère diagonale qui passait juste au dessus du col de la monture, son oreille gauche pour point de repère. Enfin elle éperonna sa cavale pour la lancer au galop. Une main ferme sur les rênes, celle qui tiendrai également l'écu, l'autre soutenant la lance, calée sous l'aisselle, le bras soulevé formant un angle droit avec le corps. Avec l'impact, la quintaine grinça, faisant deux tours sur elle-même puisque rien ne la lestait.
Sans marquer de pause, la Saint Just laissa son cheval au galop et vint se replacer face à la quintaine. Là, de nouveau, un instant dédié à se concentrer avant de repartir au devant du mannequin. Nouvelle touche. Agnès exultait, elle n'avait rien perdu de son habileté durant sa convalescence. Son souffle était encore un peu fuyant et lui intimait de prendre le temps de le discipliner.

Faisant un signe au chef des gardes qui veillait à ce que ses dames ne manquent de rien durant l'exercice, elle lui intima de fixer à présent le contrepoids à la quintaine. En cet instant, Agnès avait oublié son rôle de pédagogue. Elle sentait courir sous sa peau ce frisson si grisant, celui qui la faisait se sentir vivante à l'instant où elle se mettait au défi de réussir. Gardant toujours la même position, elle s'élança à nouveau à la rencontre du faquin de quintaine. Mais cette fois-ci, il fallait combiner agilité à habileté. A moment où elle sentit sa lance percuter l'écu de bois, elle s'aplatit sur l'encolure du cheval. Elle sentit le sac de cuir lui frôler les cheveux mais le temps de le réaliser, elle était déjà hors de portée. Elle ne peut retenir un cri de victoire et s'est un peu gênée mais les yeux brillants d'excitation qu'elle revint vers Eilinn.

Alors, damoiselle, qu'en dites-vous ? Cela vous a-t-il été utile ?

Admin Messages : 120 Date d'inscription : 25/06/2010

A hauteur de la quintaine, Eilinn assista à la demonstration de la Comtesse. Tout coulait naturellement, les gestes d'Agnès étaient souples et Eilinn ne put s'empêcher d'admirer la technique de la Comtesse, qui semblait apprécier l'exercice. Elle tenta de repérer les indices qui l'aideraient à mieux refaire l'exercice, la position des bras, comment la lance était tenue, la position du corps, et enfin l'esquive du contrepoids.

C'est fabuleux, votre technique est vraiment magnifique ! Et vous avez vraiment du plaisir à jouter ! Je vais recommencer à nouveau.

Eilinn se remit en place, remotivée par la démonstration d'Agnès. Elle cala la lance sous son bras, tenant les rênes fermement d'une autre en vérifiant bien qu'elle indiquerait la bonne direction au canasson. Les talons de la demoiselle taquinèrent le ventre de la monture, et elle s'élança au galop.

Eilinn toucha à nouveau la quintaine, et fut galvanisée par son succès l'espace d'une seconde, avant de se dire :

Je crois que j'ai oublié un truc...

La gamine se plaqua sur son cheval, pas assez rapidement néanmoins...

Et Bing ! Le sac de sable la percuta de façon peu douce, et elle dut à la chance de rester en selle. La tête d'Eilinn rencontra l'encolure du cheval de façon peu élégante, et elle se frotta le front en se relevant, là ou était désormais marquée une belle trace rouge. Bobo la tête. Une moue dépitée se lisait sur le visage de la jeune fille, et elle repartit à l'assaut de la quintaine une nouvelle fois, se gardant bien de crier victoire trop vite.
Fallait bien que ça lui rentre dans le crâne, aidé par le sac de sable ou non.